Ex-comptable, Lydie a toujours célébré le droit au plaisir sans complexe, jusqu’à vendre des “accessoires pour adulte”. Elle déplore ce tabou qui autocensure encore beaucoup trop de femmes.
C’était une passion et un mode de vie. Mais le plaisir, pour Lydie, est aussi devenu un métier. “Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré les histoires d’amour. Je suis super curieuse, des corps, des vies, des expériences“, affirme la trentenaire bien dans son corps et claire dans sa tête. Dès l’adolescence, elle constate que le naturel et la liberté font défaut à beaucoup de femmes : “Ça commence par l’image de soi, souvent très critique. Je suis objectivement un peu grosse, 1,73 m et une centaine de kilos. J’ai envie de chocolat ? Je mange du chocolat ! Les hommes ne m’en font pas le reproche parce qu’ils voient que je suis heureuse. Et je les désire avant de me demander ce qu’ils pensent de moi.”
Fille d’un couple soudé, Lydie a commencé par exercer un métier très éloigné de l’intime, celui de comptable : “J’arrivais au bureau avec toujours une nouvelle idylle à raconter, totalement imprévue. Internet n’est pas mon truc, j’aime le choc des rencontres et des émotions. Je suis capable de croiser un type qui me plaît au supermarché et de le lui faire comprendre avec humour, dit-elle en éclatant de rire.
“J’encourage chacune à oser être comme elle est, à se mettre en valeur”
“Mes collègues regrettaient de ne pas oser, certaines m’enviaient.” Elles s’interdisent les coups de cœur autant que les coups de foudre, la minijupe qui les grossit ou le décolleté qui les vieillit. A la machine à café, Lydie leur répète de se lâcher. Love coach n’est pas encore son métier. Jusqu’au jour où elle se rend à une réunion chez une copine pour une démonstration-vente de sextoys, lingerie sexy et autres accélérateurs de découvertes sensuelles.
“Je suis revenue au bureau emballée ! J’avais trouvé génial qu’on parle du plaisir sans tabou.” Immédiatement, ses collègues amusées lui suggèrent d’en faire son métier : son enthousiasme est tellement communicatif ! En 2017, Lydie ose plaquer la compta pour son métier d’ambassadrice (sur Facebook et Instagram, @lydietropcontente).
“Il ne faut pas se focaliser sur les critères physiques. Le plaisir, c’est pas de la compta !”
Plusieurs fois par mois, elle réunit une petite bande, souvent des filles, sur le canapé d’une volontaire pour déballer ses joujoux : “J’encourage chacune à oser être comme elle est, à se mettre en valeur, à s’écouter… et à bien se connaître elle-même avant de déléguer à son partenaire ! Mon plus grand bonheur, c’est quand je reçois des messages de « retour cliente », lorsqu’une femme a enfin osé un moment de bonheur improvisé, à deux et même seule, ou qu’un couple s’est éclaté grâce à moi !”.
La semeuse de plaisir voit dans son métier une dimension humaine, et refuse de tomber dans le diktat de la sexualité débridée : “J’ai eu une histoire de cinq ans, un fils dont la garde alternée me permet la liberté une semaine sur deux. Je peux tomber amoureuse demain d’un homme qui sera le seul, je me laisse porter !” Le secret de ses rencontres, c’est l’audace, mais aussi le cœur : “Il ne faut pas se focaliser sur les critères physiques de l’autre pour trouver que personne n’est à sa hauteur. Le plaisir, c’est pas de la compta !”, sourit Lydie, des petites étoiles dans les yeux.