Monument du théâtre et du cinéma français, Louis de Funès est mort à seulement 68 ans près de chez lui, au château de Clermont, après des dernières semaines agitées.
Unique, inimitable, iconique, culte… Les adjectifs pour décrire Louis de Funès ne manquent pas, et pour cause puisqu’il s’agit d’un véritable monument du cinéma qui s’est éteint le 27 janvier 1983 au centre hospitalier universitaire de Nantes à l’âge de 68 ans. Mais comment cet homme suivi de très près par les médecins a-t-il pu mourir malgré toutes les précautions prises pour justement éviter cette tragédie ? Et de quoi est-il mort exactement ? C’est un infarctus qui a terrassé Louis de Funès, le troisième qu’il a subi en quelques années et qui lui aura finalement été fatal. Le 21 mars 1975, l’acteur a subi une première crise cardiaque alors qu’il se trouve dans son appartement à Paris. Le deuxième infarctus arrive quelques jours plus tard, le 30 mars, alors qu’il semble aller mieux et qu’un communiqué officiel a déjà appris au public que “l’évolution de l’affaire est favorable” mais qu’un “repos stricte et prolongé est cependant nécessaire”.
Des mesures pour lui sauver la vie
Louis de Funès est en pleine conversation avec sa femme, Jeanne de Funès, quand une deuxième crise cardiaque bien plus grave que la première l’entraîne de nouveau à l’hôpital où il est sauvé in extremis. Commence alors une longue liste de précautions, notamment alimentaires, avec un régime stricte censé protéger la santé de l’acteur. Exit les graisses, le sel, l’alcool et la caféine, Louis de Funès doit éviter tout ce qui pourrait fatiguer son cœur, déjà mis à rude épreuve par une carrière bien remplie et une façon de jouer particulière qui reposait en grande partie sur la colère et une tension corporelle bien particulière. Mais la plus grosse consigne des médecins est bien plus drastique : Louis de Funès doit arrêter de jouer et désormais privilégier le repos.
Sur le coup, l’acteur accepte de faire cet énorme sacrifice et se retrouve même soulagé. Après avoir subi pendant des années la pression de la réussite et la course à l’argent omniprésente dans le métier, Louis de Funès est presque reconnaissant de pouvoir mettre tout ça de côté pour s’occuper de son jardin au château de Clermont, au Cellier. Lors d’une interview accordée à Danièle Heymann de l’Express, il expliquera : “Quand ils m’ont annoncé : “il faut vous arrêter, à vie”, j’ai été ravi. Pris de légers tremblements de joie. Ah ! je vais aller voir mes carottes et mes salades ! Ah ! les petits oiseaux, la pêche à la ligne ! Le soir, tout de même, j’ai eu un coup de blues. Et puis, ça s’est terminé là. Puisque c’était fini, c’était fini”.
Un arrêt provisoire et une fin définitive
Heureux d’avoir pu se reposer pendant un temps, Louis de Funès ne peut pourtant pas s’empêcher d’exercer un métier qu’il aime passionnément, et qu’il a incarné avec tant de passion que cela lui a brisé la santé. Il fait son retour au cinéma aux côtés de Coluche dans le désormais culte L’aile ou la cuisse produit par Christian Fechner en 1976. Même si, comme il le sait, il ne peut plus “faire de la brutalité” car “cette brutalité, cette colère est un produit que j’avais fabriqué pour un rôle et tous les metteurs en scène m’ont demandé ce produit”, Louis de Funès attire toujours le public, et continue donc de tourner. La Zizanie, Le Gendarme et les Extraterrestres, L’avare… Cinq ans après ses deux infarctus, l’acteur et dramaturge continue sa carrière, certes à un rythme plus tranquille, mais de façon régulière. Il semblerait que rien, pas même sa santé et sa survie, ne puisse l’empêcher d’incarner des personnages et de se glisser dans la peau d’autres hommes le temps d’un rôle.
Malgré le repos et les régimes drastiques, la santé de Louis de Funès ne s’est pourtant pas améliorée, et il y a fort à parier que les années qu’il avait passée à exercer son métier sur les tournages de films et sur les scènes de théâtre avaient déjà eu un trop gros impact sur son cœur. A la fin de l’année 1982, il est encore en train de prévoir des projets et notamment une adaptation de la pièce Papy fait de la résistance, qu’il va voir à Paris. Quelques jours plus tard, c’est en montagne qu’il se retrouve avec sa famille, afin de profiter des vacances de Noël tous ensemble. Affaibli et à quelques jours de la mort sans qu’il le sache, Louis de Funès sent les effets de l’altitude sur sa santé et décide de rentrer à son château au Cellier. C’est toujours très fatigué qu’il va se coucher le 27 janvier 1983, dans un lit où il fera une troisième crise cardiaque dont il ne se réveillera jamais. Il est mort au centre hospitalier universitaire de Nantes à 20h30 après avoir été pris en charge par les médecins.