L’action de la police à Marseille parvient à « effriter les points de deal », a indiqué Frédérique Camilleri, la préfète de police. Fin 2021, la ville comptait 156 points de ventes de stupéfiants actifs (220 sur le département) contre 127 aujourd’hui (et 181 sur le département). Un résultant « encourageant » témoin, selon la préfecture, de l’efficacité de la stratégie du « pilonnage » mise en place à partir de l’année 2020 et qui consiste à travail policier de harcèlement quotidien de ces points de vente qui ont pignon sur rue dans nombre de quartiers et cités marseillaises.Des simples consommateurs, auxquels 18.600 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées en 2020, aux petites mains, avec 2.296 interpellations pour trafic (dont 1.813 à Marseille), jusqu’au « haut du spectre », avec 10 interpellations « d’objectifs prioritaires », dont 3 figurant au top 50 des individus recherchés par l’Ofsat (Office anti-stupéfiants), c’est « l’ensemble de la chaîne » qui est visé a rappelé Frédérique Camilleri.La préfète a relevé toutefois le « point noir du haut niveau de violence ». L’année écoulée a été l’une des plus meurtrières jamais enregistrée avec 65 homicides ou tentatives d’homicides liés aux trafics de drogues pour 31 décès. Les services de police estiment que 50 % de ces assassinats sont causés par deux conflits majeurs qui opposent différentes équipes de trafiquants.L’historique contentieux, d’abord, comptant pour neuf morts et opposant le clan dit des « blacks » et celui des « Olivier A » (une cité), dont le chef présumé, Kamel Meziani, interpellé en septembre 2021 à Paris sera jugé début février par la cour d’assises d’Aix-en-Provence. Deux autres équipes se sont également violemment affrontées cette année dans le 3e arrondissement de Marseille. Un contentieux plus récent mais pas moins meurtriers avec sept morts a été identifié dans des règlements de comptes. Il s’agit d’une « guerre » entre les trafiquants de Félix Pyat et ceux de la cité voisine du Moulin de Mai. Deux points de vente qui ne brassent pourtant pas des dizaines de milliers d’euros par jour, comme estimé pour les plus importants de Marseille, mais pour lesquelles on ne s’entretue pas moins.Cela conduit la préfecture à noter « une accélération du temps dans les réseaux » et « un changement de la nature des violences ». Là ou avant on gravissait les échelons progressivement, et où la violence était employée pour éliminer une tête de réseau concurrent ou une personne emblématique de celui-ci, « certains aujourd’hui veulent monter très vite, relève la préfète. Cela conduit à des actions d’intimidation (on passe et rafale un point de vente) et l’on voit apparaître des victimes pas du tout haut placées ». Cette « violence aveugle » provoque des victimes collatérales, à l’image d’Adel Santana Mendy, footballeur semi-pro à Aubagne, tombé sous les balles soir du 24 décembre au pied de la tour de sa cité.Relative raréfaction de la main-d’œuvreL’ensemble de ces données entraîne une relative raréfaction de la main-d’œuvre pour des réseaux contraints de recruter de plus en plus souvent à l’extérieur de Marseille et parfois sur Snapchat. « Marseille à la réputation de payer bien et d’être très violente », poursuit la préfète. S’ajoute à cela « une dimension mythique » de Marseille qui peut attirer les plus jeunes. Des plus jeunes en rupture scolaire et familiale venus de région lyonnaise, parisienne qui souvent déchantent face aux méthodes de leur employeur. « On a des petites mains séquestrées par le réseau, qui nous appellent pour s’en sortir. L’interpellation est souvent pour eux le moyen de rentrer chez eux », indique la préfète qui a pu échanger avec certains d’entre eux.Pour l’année à venir, la police devrait avoir les moyens de renforcer encore son action, avec les recrutements de 21 nouveaux agents à la PJ et une dotation exceptionnelle d’un million d’euros pour acquérir du matériel d’investigation (balisage et écoutes des véhicules, caméras, surveillances téléphoniques…). En 2022, 5,5 tonnes de cannabis et 2,4 tonnes de cocaïne (dont 1,73 tonne sur le port) ont été saisies dans le département. Par ailleurs, plus 1.200 armes ont également été retirées de ce circuit criminel.SociétéMarseille : « On défend notre bâtiment », des habitants ont mis en échec un réseau de trafiquantsFaits diversMarseille : Un nouvel homicide par balles, sur fond de trafic de drogue