Abandonné par son père dans les années 1950, Etienne Daho s’est rendu à ses obsèques. Mais sur place, le chanteur s’est senti rapidement mal à l’aise et a quitté la cérémonie.
Il aura fallu du temps à Etienne Daho pour pardonner son père. Dans les années 1950, lorsqu’il habitant encore à Oran, le chanteur a été abandonné par son papa. Sans son géniteur, il a quitté son pays de naissance et lancé sa carrière en France. “Ce qui m’a toujours étonné, c’est que, à partir du moment où il est parti, nous n’avons plus jamais parlé de lui. Un silence étrange s’est installé dans la maison à son sujet, se souvient-il dans les colonnes de Paris Match. Mais là j’ai compris que, chez nous, on ne dit pas ses peines, pas ses chagrins. On avance, on marche et on ne se plaint pas. C’est notre côté reine d’Angleterre.” Ce n’est que dans les années 1980 qu’Etienne Daho a ré-entendu parler de lui, lors d’un concert qu’il donnait à l’Olympia. Mais pour lui, impossible de lui parler.
“J’étais un jeune homme en vogue, un peu sûr de moi, je ne m’attendais pas du tout à cet événement. Du coup, je lui ai interdit l’accès de la loge, je n’avais pas envie d’être rattrapé par le passé. Le passé, on peut en parler quand il ne fait plus mal. Mais là, c’était trop douloureux”, expliquait le chanteur à Paris Match en 2007. Avec les années qui ont passé, Etienne Daho a pardonné à cet homme et presque compris la raison pour laquelle il l’avait abandonné. “En vieillissant, j’ai compris que mes parents ont été de jeunes gens qui se sont aimés pour des mauvaises raisons, analyse-t-il auprès de nos confrères. Et qui ont connu des problèmes de couple comme tout le monde. J’ai souvent dit pour rigoler : ‘il est parti, il a bien fait’ et aujourd’hui je ne suis pas loin de le penser vraiment.”
Lorsque son père est mort, Etienne Daho s’est longtemps demandé s’il allait assister aux funérailles. “À sa mort, ma mère nous a dit :’ si vous n’allez pas à son enterrement, vous le regretterez’. J’ai trouvé ça très beau de sa part. J’y suis allé”, s’est souvenu l’interprète de Week-end à Rome. Mais sur place, Etienne Daho s’est senti mal à l’aise. “J’ai compris que je n’avais rien à faire là et je suis remonté dans le taxi avec les deux potes qui m’accompagnaient. Et on est tombé en panne sur l’autoroute, plaisante-t-il des années plus tard auprès de Paris Match. J’ai vu ça comme un signe de la justice divine. Mon père était un fêtard, un homme de la nuit et des plaisirs, un épicurien. Ma mère était une femme de devoirs à la maison. Et moi, je peux être les deux, en fonction du moment !”
De ces retrouvailles, Etienne Daho a écrit une chanson, Boulevard des Capucines. Un titre qui pour lui est une véritable “libération”, une “chanson de pardon”. “On ne peut pas vivre dans la colère toute sa vie, expliquait Etienne Daho dans l’émission Un dimanche avec sur les ondes de RFM. On se rend compte que nos parents ont eu nos âges, qu’ils n’étaient pas forcément armés, qu’ils ont fait des conneries pas parce qu’ils voulaient vous faire du mal, mais parce qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu avec ce qu’ils avaient à ce moment-là.” Philosophe, Etienne Daho ne préfère pas vivre en ayant des regrets : “Je ne vis pas du tout avec le passé ou cette espèce de lourdeur du passé. Ce qui m’intéresse, c’est demain, le reste je m’en fous”.