“Au moins 15 ans” de réclusion ont été requis vendredi devant les assises de l’Hérault à l’encontre d’un homme de 83 ans jugé pour avoir tué son épouse d’une quarantaine de coups de pelle, alors qu’elle souhaitait divorcer après 54 ans de mariage.
Le 2 août 2018, Abderrahmane Khalid, alors âgé de 79 ans, “est entré de manière fracassante dans la criminalité”, a souligné dans son réquisitoire l’avocate générale, Isabelle Delande, au troisième et dernier jour du procès.
Elle a réclamé une peine “d’au moins 15 ans de réclusion”, assortie d’un suivi socio-judiciaire de cinq ans après sa sortie de prison, ainsi que la confiscation de ses biens. Le verdict est attendu dans la journée.
La représentante du ministère public a souligné “l’absence de remords” de cet homme né en Algérie en 1939 et qui avait tout fait pour s’intégrer socialement en France, avec sa femme Akila Cherrad, épousée à Lyon en 1964. Après une vie de travail, ils avaient réussi à s’offrir une belle maison dans l’Hérault.
Abderrahmane Khalid, qui ne semble pas toujours entendre ou comprendre les questions de la cour, “n’a exprimé aucun remord”, a insisté Mme Delande.
“Ce qui l’obsède, c’est la perte de sa maison, de ne pas passer sa retraite comme il l’avait imaginée”, comme lorsqu’il s’est rendu compte que sa femme avait décidé de le quitter définitivement, a-t-elle souligné.
Akila Cherrad, femme au caractère bien trempé mais “malheureuse”, a-t-elle ajouté, ne supportait pas d’être l’assistante de vie d’un mari défaillant, pour lequel elle avait l’impression de s’être sacrifiée toute sa vie.
De son côté, lui avait développé une forme de paranoïa, s’étant “auto-persuadé” que son épouse de 73 ans le trompait avec un amant, au sein même du domicile conjugal, selon la magistrate.
Devant la cour d’assises, Abderrahmane Khalid a persisté, comme il le fait depuis quatre ans, à attribuer son acte à un “coup de folie”, sans l’expliquer clairement. Il encourt la réclusion à perpétuité, une peine ramenée à 30 ans maximum en cas d'”altération” avérée de son discernement.
“Sa responsabilité est effectivement atténuée, en raison de ses troubles de personnalité et cognitifs”, a précisé Mme Delande. “Mais il savait ce qu’il faisait, il voulait la tuer”, a martelé l’avocate générale, en comparant le visage de sa femme, fracassé par “36 coups de pelle”, à “une sculpture de César”.