Maman adolescente, Enola a vécu un déni de grossesse total. C’est deux heures avant son accouchement que la jeune femme a appris qu’elle attendait un enfant. Pour Closer, elle a accepté de raconter son histoire, aussi diffusée sur My TF1 dans le programme “Mamans ados”.
Closer : Comment vous êtes-vous retrouvée dans “Mamans ados” sur MY TF1 ?
Ca faisait deux jours que je venais d’accoucher, j’étais à la maternité. Comme tous les adolescents je trainais sur Tiktok et je suis tombée sur une annonce. Je me suis dit pourquoi pas. Mon histoire n’est pas de celle qu’on entend tous les jours. Je n’attendais pas forcément de réponse du programme mais finalement on m’a rappelée et on a commencé à tourner à mon retour de la maternité. Je suis rentrée un samedi, le lundi on tournait déjà.
Avez-vous consulté l’avis de vos proches avant de vous lancer dans cette aventure ?
Ce qui s’est passé c’est que j’ai lancé le truc toute seule sans rien demandé à mes proches. Dans la journée j’ai eu la visite de ma maman et je lui ai dit que je m’étais inscrite. Au début elle était réticente car elle ne voulait pas qu’on soit vues à la télévision et elle n’est pas très réseaux sociaux non plus. Finalement, quand la journaliste l’a appellée elle a été mise en confiance et a accepté qu’on essaie. Comme à ce moment là j’étais mineure et que j’habitais chez elle, elle a demandé à voir comment ça allait se passer. Comme tout s’est bien passé, elle a donné son autorisation et était très contente. De son côté, le papa de ma fille était le plus réticent mais finalement c’est lui qui a été le plus à l’aise avec les caméras.
Aviez-vous besoin de raconter votre histoire ?
Je ne souhaitais pas être suivie par des psychologues pour ne pas rentrer dans cet engrenage. Je voulais en discuter mais sans me sentir enfermée. Le fait d’en parler devant des caméras chez moi m’a permis de me libérer. Surtout, j’étais à l’aise. C’était important de parler du déni de grossesse car avec ma mère on parlait de tout (contraception etc.) mais pas de ça. A la maison on a pas de sujets tabous mais on se dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres. Je savais ce que c’était quand la grossesse était découverte à quelques mois mais pas le déni de grossesse total…
Racontez-nous votre histoire d’amour avec Alex, le papa de votre fille…
On s’est rencontrés au collège en 2015. On a toujours vécu chez nos parents. Quand Romy est arrivée on a habité ensemble chez ma mère. On évoquait pas vraiment notre vie de famille mais ça aurait pu arriver dans le futur.
Vous n’avez eu aucun signes alarmants durant votre déni de grossesse ?
Absolument pas ! A l’époque j’étais entraineuse de football ; je courais, je faisais mes entraînements… J’ai eu le Covid à un moment donné mais sinon tout allait bien. J’avais mes règles et j’étais même sous pilule. Quinze jours avant que j’accouche j’étais en train de faire de la moto avec le père de ma fille ! Heureusement, tout cela n’a pas engendré de complications à ma fille. A sa naissance elle a eu une batterie d’examens dont celui de la toxoplasmose. Je n’étais pas immunisé contre ça , j’ai mangé ma viande saignainte, j’ai vécu avec mes chats mais elle est arrivée en pleine forme. Romy est née en pesant 2 kilos 890 et 46 centimètres.
Vous avez tout découvert un soir en ayant mal au ventre…
J’étais dans mon lit et j’avais très mal au ventre oui. A ce moment là je voulais juste ne pas paniquer car mes douleurs étaient très importantes. Je voulais juste que ça s’arrête. J’avais une balle dans la main et à chaque contraction j’attendais que ça passe. Mais à ce moment là je ne me dit pas que je suis enceinte même si je vois que mon ventre commence à être dur et à gonfler… En fait j’ai contacté ma maman par message, elle est arrivée et c’est elle qui m’a dit que j’étais enceinte. J’étais trempée. Elle a appelé une ambulance et est restée très calme. Après coup ça a quand même été un choc pour tout le monde car on ne se doutait de rien.
Comment s’est passé votre accouchement ?
Il a été très rapide. Je suis arrivée à la maternité à 7h30 pour une échographie. Mon bébé était déjà dans le passage et j’étais déjà ouverte à 9. Je n’ai pas eu le droit à la péridurale. Romy est née à 9h15 donc j’ai mis 15 minutes à accoucher. Je n’ai pas eu de déchirure rien du tout. Quand elle est arrivée je n’ai eu aucune réaction : pas de joie, de tristesse, de larmes… J’avais le regard vide. Je me fichais du sexe je voulais savoir si mon bébé était en bonne santé. Je voulais être sûre de savoir si j’allais pouvoir gérer un bébé en difficulté.
Comment s’est opéré le choix du prénom ?
Avec le papa on cherchait des prénoms et on en avait trouvé trois pour une fille. Inconsciemment c’était peut-être un ressenti.
Votre corps n’a pas changé physiquement durant votre grossesse, cela vous convient-il avec le recul ?
Je pense qu’à cause de ça je vais sûrement mal vivre ma prochaine grossesse. Je connais l’accouchement mais je n’ai pas vécu de grossesse et c’est frustrant. Je n’ai pas de vergitures à part au niveau des seins car j’ai allaité et mon ventre est devenu plus plat après mon accouchement. En fait j’ai perdu 12 kilos après mon accouchement. Je n’ai pas pris mais j’ai perdu parce que je me suis posée beaucoup de questions comme ‘Pourquoi moi ?’. Je me suis débrouillée toute seule en refusant l’aide de ma maman.
Avez-vous été suivie par une équipe médicale ?
Non et c’était mon souhait. Ma fille a été controlée en revanche.
Vous avez accueilli un enfant en étant au lycée. Comment vous êtes-vous organisée ?
Mon lycée a compris ma situation et m’a amménagé un emploi du temps : j’avais deux après-midi de libre par semaine. J’ai pu gérer ma fille et prendre soin de moi pour que je ne finisse pas mal. Du côté des étudiants, ça a été. Je n’ai pas eu de remarques. Quand je suis revenue, personne est venue me voir. Tout avait été expliqué. Il y a eu aussi beaucoup d’entre-aide.
Vous avez reçu beaucoup de dons après l’arrivée de Romy…
Jusqu’à son premier anniversaire j’ai eu tout ce qu’il fallait : couches, produits pour les soins, affaires… J’en suis reconnaissante mais c’était aussi frustrant parce que je ne pouvais pas choisir ses affaires mais ce n’est pas grave. Elle n’a manqué de rien et c’est le principal. Aujourd’hui j’ai tout redonné à d’autres dans le besoin.
Avez-vous eu l’instint maternel ?
Quand on vit une grossesse on est pas préparé. On devient maman le jour on son enfant naît. L’instint est venu tout de suite pour moi. J’ai ressenti que c’était ma fille et je voulais être là pour elle. J’ai eu beaucoup de conseils de ma maman.
Romy a-t-elle bouleversé votre quotidien de couple ?
On était ensemble depuis six ans mais on avait jamais vraiment vécu ensemble. On était parti en vacances une semaine mais c’est tout. On faisait tout pour se voir régulièrement et quand la crise sanitaire a débuté on a passé presque un an sans se voir. C’était compliqué donc du jour au lendemain on s’est revu avec notre fille. Les premières semaines c’était l’euphorie mais ensuite c’était de plus en plus compliqué…
Comment allez-vous avec Romy ?
Elle est épanouie et va très bien. Elle évolue même un peu trop vite. Elle va à la crèche et si tout se passe bien elle rentre à l’école l’année prochaine. De mon côté j’ai entamé un emploi civique dans une école primaire. Le temps du midi je fais aussi la garderie de la cantine. J’ai repris le sport car c’est important que j’ai du temps pour moi. Tout se passe bien.
Envisagez-vous d’avoir d’autres enfants ?
Oui. Pas dans l’immédiat mais on verra.