C’est un étonnant trafic que les enquêteurs de la sûreté territoriale de Paris ont mis à jour. Mardi, les policiers ont interpellé un homme de 50 ans, qu’ils suspectent d’être à la tête d’une entreprise proposant à la vente des copies de passes Vigik. Équipées de puce RFID, ces cartes permettent de rentrer dans n’importe quel immeuble équipé d’un lecteur. Leur possession est donc réglementée, et seuls quelques professionnels triés sur volet – facteurs, policiers, pompiers, Enedis… – ont le droit de les utiliser. Mais le suspect aurait découvert une faille et trouvé le moyen de les reproduire. Il aurait exploité le filon en les proposant à la vente à des serruriers, des syndics de copropriété ou des agences immobilières. L’objet est aussi très prisé des cambrioleurs…L’enquête a elle démarré en juin dernier. Les policiers de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) découvrent dans la voiture d’un homme qu’ils contrôlaient du matériel informatique et des cartes magnétiques vierges. Placé en garde à vue, il leur explique être le gérant d’une société de distribution de tracts publicitaire, et avoir besoin de passes Vigik pour accéder aux boîtes aux lettres des immeubles. Il avait ainsi tout le nécessaire pour en encoder. Il est mis en examen pour « reproduction d’une marque sans autorisation de son propriétaire », « contrefaçon » et « accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données à caractère personnel mis en œuvre par l’État ».Une société qui a « pignon sur rue »Les policiers de la sûreté territoriale, qui poursuivent les investigations, découvrent qu’il se fournissait auprès d’une entreprise dont le siège se trouve à Puteaux, dans les Hauts-de-Seine. « Il ressort que cette société a complètement pignon sur rue, son site internet précise sans ambiguïté qu’ils peuvent fournir aux clients des badges universels de type Vigik, ce qui est interdit », explique une source policière. Les enquêteurs apprennent que les responsables de la société Vigik ont déjà déposé plainte contre le gérant de cette société, un mois plus tôt. Identifié, le quinquagénaire sera finalement interpellé en début de semaine et placé en garde à vue. Selon nos informations, il a préféré garder le silence.Les investigations ont démontré qu’il vendait des copies de passes à ses clients – syndics, serruriers… – fabriqués grâce à une clé secrète informatique dérobée à la société Enedis. Lors de la perquisition de son domicile, les enquêteurs ont mis la main sur 130.000 euros en liquide, et des kits permettant la reproduction de passes Vigik, qu’il vendait cette fois à des particuliers.JusticeMontpellier : Un homme de 83 ans jugé pour le meurtre de sa femme qui demandait le divorceSociétéRéforme de la police judiciaire : Des agents rassemblés à Paris contre le projet du gouvernement