En 2001, l’auteur américain Michael Peterson est accusé du meurtre de sa femme, Kathleen Peterson. Closer revient sur cette mystérieuse affaire.
Ancien capitaine des marines, vétéran du Vietnam, auteur de trois livres à succès… Dans les années 2000, Michael Peterson était l’image même de la réussite. Pourtant, au matin du 9 septembre 2001, la vie de ce père de famille exemplaire a pris un tournant ô combien sombre et innatendu… Ce matin-là, depuis sa maison de Forest Hills, à Durham, Michael Peterson contacte les autorités. Il explique avoir trouvé sa femme de 48 ans, Kathleen Peterson, inconsciente en bas des escaliers. Selon lui, elle aurait fait une chute en raison de sa consommation d’alcool et de valium. Sur place, les secours trouvent le corps sans vie de Kathleen Peterson. Une analyse toxicologique confirme qu’elle était sous emprise, mais d’autres constatations viennent mettre à mal la version de son époux.
L’autopsie démontre une série de très graves blessures, incompatibles avec l’hypothèse d’une simple chute de quelques marches. Le corps de la victime présente une fracture du cartilage thyroïde, mais aussi sept lésions au niveau de la partie supérieure et postérieure de la tête. Les blessures semblent résulter de plusieurs coups portés à l’aide d’une arme légère, mais rigide. Kathleen Peterson a-t-elle donc été frappée avant de tomber dans les escaliers ? Aussitôt soupçonné, son époux nie toutes les accusations portées à son encontre. Il est soutenu par la fille de Kathleen, Caitlin, ainsi que sa sœur, Candace Zamperini, mais les certitudes de ces dernières ne suffisent pas à convaincre la police ; Michael Peterson est mis en examen.
Pendant le procès, l’accusation s’évertue à ternir l’image de Peterson, dont la réputation s’effondre tel un château de cartes. Il est mis en avant que l’accusé, bisexuel, aurait entretenu une relation extra-conjugale avec un homme, relation que son épouse aurait découvert peu avant son décès. L’accusation met également en lumière certaines incohérences dans le récit de l’écrivain sur ses années au Vietnam. À son retour, le vétéran aurait déclaré avoir reçu une Purple Heart (médaille militaire américaine) avoir été blessé par balle, puis par un éclat d’obus. Néanmoins, il a par la suite revu sa version, expliquant avoir été réformé après une blessure dans un accident de voitures.
De plus, toujours durant le procès, l’accusation établit un lien étrange entre la mort de Kathleen Peterson et celle d’une amie de l’accusé, Elizabeth Ratliff, quelques années plus tôt. En 1985, la jeune femme avait été retrouvée morte en bas d’un escalier avec des blessures à la tête, juste après que Michael Peterson lui ait rendu visite en Allemagne. À l’époque, le médecin légiste avait conclu à une mort par hémorragie intra-cérébrale résultant d’une coagulation sanguine liée à la maladie de Von Willebrand. Néanmoins, une exhumation réalisée avant le procès avait finalement permis de conclure que la mort de Ratliff résultait également d’un homicide. Sans accuser directement Peterson du meurtre, l’accusation émet l’hypothèse que la mort de Ratliff lui aurait “donné une idée” de comment faire passer la mort de sa femme pour un accident…
“La veille du verdict, mon fils Todd l’avait senti, se souviendra Michael Peterson en 2013, dans les colonnes de Libération. Il est entré dans ma chambre et il m’a dit qu’il craignait que je sois condamné. Il disait que les jurés ne pourraient pas rentrer chez eux le lendemain, faire face à leur famille, leurs amis, leurs voisins et tous ceux qui croyaient que j’étais un assassin. Il avait raison.” Le 10 octobre 2003, Michael Peterson est jugé coupable du meurtre de sa femme et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité sans possiblité de libération conditionnelle. Il fait néanmoins appel, et met en avant une théorie surréaliste. Après avoir découvert, dans la liste des preuves établie par le North Carolina State Bureau of Investigation, que des plumes brunes avaient été prélevées dans la chevelure de Kathleen Peterson, la défense de son mari émet l’hypothèse qu’une chouette rayée aurait attaqué la mère de famille à l’extérieur de la maison. Elle serait alors tombée dans les escaliers en rentrant à la hâte…
À peine ententable, cette théorie permet tout de même à Peterson de semer le doute sur sa culpabilité. Et il finira par obtenir gain de cause. Le 15 décembre 2011, la défense du meurtrier présumé démontre que Duane Deaver, l’expert du State Bureau of Investigation consulté lors du premier procès, est un falsificateur. Au cours de ses années d’exercice, celui-ci fournissait régulièrement des preuves falsifiées et en dissimulait certaines autres… En conséquence, la peine infligée à Michael Peterson est annulée par la cour pénale de Caroline du Nord. L’écrivain obtient sa liberté conditionnelle sous bracelet électronique et retourne vivre à Durham, où il réside encore aujourd’hui. “Je ne sais pas pourquoi il vit à Durham, mais il l’est, déclarait son avocat, Me David Rudolf, à Oxygène en 2019, soulignant que Peterson vit désormais d’un appartement au rez-de-chaussé. “Sans escalier”.