Dans un entretien accordé au Parisien, Corinne Masiero est revenue sur son traumatisme. Victime d’inceste, elle évoque alors ce cliché qui a fait émerger ce souvenir dramatique.
Le lundi 19 septembre 2022, Corinne Masiero livrait un témoignage glaçant sur France Inter. Venue faire la promotion d’un documentaire Inceste, Le dire et l’entendre, diffusé le lundi 26 septembre sur France 3, l’actrice avait tenu à évoquer son propre passé. Lorsque la journaliste lui demande comment elle a vécu le fait que la personne qui a abusé d’elle lui disait qu’il l’aimait. “C’était sous couvert d’amour que l’on t’agresse. Je t’aime bien, je t’aime, donc regarde on va se caresser. Ce mot amour, je le déteste. Ça ne veut plus rien dire amour”, a-t-elle lancé. Pour Le Parisien, Corinne Masiero est revenue sur la façon dont ce traumatisme avait refait surface tant d’années après.
L’actrice confie : “C’était pendant le confinement. Mon cerveau était enfin capable de l’accepter et mon voile a commencé à se soulever. Je suis tombée sur un vieil album oublié que j’ai dû garder inconsciemment car il y avait une photo de moi avec mon agresseur. C’était mon cousin, il avait dix ans de plus que moi, je devais avoir 7-8 ans… Il s’est alors passé un truc physique très fort, un énorme sentiment de dégoût. Le voile s’est levé et j’ai décidé de faire une analyse… Cela m’a beaucoup aidée mais ce n’est que le début… Petit à petit, des flashes reviennent, c’est violent… Chacun a son histoire, chacun prend son chemin. Il n’y a pas de mode d’emploi”, déclare-t-elle.
Pendant 50 ans, Corinne Masiero est restée dans le déni
Pendant cinquante ans, Corinne Masiero va enfouir ce terrible souvenir. Dans le déni, l’actrice se confie sur la façon dont elle a pu le combattre : “Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Ce fut un long cheminement. L’inceste m’a toujours retourné les tripes et je me demandais pourquoi. Il y a quelques années, j’ai commencé une psychothérapie. J’ai alors appelé ma famille en leur demandant si quelqu’un avait eu vent de quelque chose qui se serait passé jadis. Maladie, drame, suicide… Je voulais comprendre d’où venait ce malaise. J’ai appris que trois personnes avaient subi l’inceste chez moi. J’ai réagi au quart de tour et je suis allée porter plainte…” Depuis, la comédienne se sent mieux : “C’est une libération ! Comme si on m’avait retiré trois tonnes de parpaings. Depuis que j’en parle, j’aide des gens. Comme si l’horreur et cette merde que j’avais vécues servaient finalement à quelque chose. Je reçois tellement de messages forts sur les réseaux sociaux. Je me suis libérée et je libère des victimes en en parlant.”
L’actrice souhaite aider les autres victimes
Ainsi avec son reportage, Corinne Masiero veut aider les autres victimes à prendre la parole : “Parce qu’il faut en parler ! L’inceste reste un sujet tabou alors qu’il touche près d’un Français sur dix. Raconter cette horreur peut provoquer un choc chez les victimes qui sont dans le déni. Comme un déclic qui lève le voile sur notre mémoire et notre traumatisme”, confie-t-elle avant de poursuivre : “Ce déclic, il peut arriver grâce à la parole. Alors, quand on a la chance d’être un peu médiatisé comme moi, c’est un devoir de parler. Si ce documentaire diffusé tard provoque une étincelle, ne serait-ce que chez une personne, ce sera gagné”.
Corinne Masiero : “Elle nous a interrogés devant des voiles où étaient projetées des photos de nous enfants”
Heureuse d’avoir pu mettre en lumière son propre combat, Corinne Masiero est fière du projet qui a été réalisé : “La réalisatrice a fait un travail incroyable. Elle y est allée très doucement. Elle est venue plusieurs fois me voir chez moi à Roubaix (Nord) et, avant, on a beaucoup parlé au téléphone. Elle nous a interrogés devant des voiles où étaient projetées des photos de nous enfants. Elle nous a laissés parler et décrire nos viols même si c’est extrêmement violent. Car oui un mec qui met sa bite dans l’anus d’un gamin de 6 ans c’est inentendable, c’est à gerber. Mais cela permet de comprendre la douleur des victimes et l’horreur qu’elles ont vécue. Comme le dit un des témoins : ‘La moindre des choses, c’est de nous écouter’.”