Le 23 septembre prochain, Hélène Devynck publie Impunité. Dans cet ouvrage, elle a recueilli les témoignages de victimes présumées de PPDA et livre les détails du viol dont elle l’accuse.
Elles sont une trentaine à accuser Patrick Poivre d’Avor. Depuis plusieurs mois, l’ancien présentateur star de TF1 a été visé par plusieurs plaintes pour viol ou agressions sexuelles qu’il nie catégoriquement. En juin 2021, une enquête préliminaire après les témoignages de 23 femmes a été classée sans suite par le parquet de Nanterre, pour prescription, pour “absence d’infraction punissable” ou “infraction insuffisamment caractérisée”. Une deuxième enquête est en cours après sept nouveaux témoignages. Parmi les femmes ayant accusé PPDA, Hélène Devynck. Le 23 septembre prochain, elle publie un livre effarant, intitulé Impunité. “Comme moi, plusieurs dizaines de femmes ont cru que l’époque rendait caduque notre condamnation au silence et possible celle de notre agresseur, l’un des hommes les plus connus de France”, écrit l’ex-journaliste dans le résumé de cet ouvrage de plus de 270 pages.
“Ça n’est pas ce qui s’est passé. On a été classées sans suite. Mais nos bulles de solitude ont éclaté. On s’est rencontrées, racontées, soutenues. On s’est fait la courte échelle pour surmonter les murs de découragement. On a parlé plus haut, plus nombreuses”, ajoute Hélène Devynck, qui a rencontré plusieurs autres femmes qui ont accusé PPDA. Dans Le Monde, la journaliste prenait la parole comme d’autres victimes présumées. A nos confrères, elle décrivait un viol, survenu en 1993 lorsqu’elle était son assistante, “chez lui à Neuilly [Hauts-de-Seine]. Un petit coup vite fait mal fait, vraiment du troussage de domestique et j’étais la bonne”. “J’ai serré les dents, et étouffé mes larmes. C’était vraiment humiliant. Je n’avais pas le choix, sinon je ne travaillais plus”, se souvenait-elle, expliquant que, lorsqu’elle a voulu arrêter sa collaboration avec Patrick Poivre d’Arvor, celui-ci “a été vexé et cruel, et est allé dire à toute la rédaction [qu’elle était] nulle”.
“Il s’est frotté dans un corps inerte. Ça l’a fait jouir”
Dans son livre, Hélène Devynck décrit la scène. “Il s’est jeté sur moi, une main sur un sein, l’autre cherchant à passer sous un élastique de ma culotte, sa langue dans ma bouche, écrit-elle, comme le rapporte Le Point. […]. Il a entré son pénis, un pénis très étroit. Il a fait quelques allers-retours, pas beaucoup […]. Il a éjaculé en grommelant vaguement. […] Je n’ai pas prononcé un mot. Il s’est frotté dans un corps inerte. Ça l’a fait jouir. Je n’étais personne. J’ai été ce rien.” Dans son livre, Impunité, Hélène Devynck pointe le silence de TF1 et celui de la justice. L’écrivaine et journaliste raconte aussi l’immense solidarité qui s’est formée entre les victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor, qui ont passé de longues soirées ensemble : “Nous sommes une soixantaine à dénoncer le même homme, espérant exposer toute la machinerie qui nous contraignait à ce qu’on ne voulait pas, puis à le taire”.
“On a su avant de se voir qu’on était faite du même bois. On avait toutes buté contre le silence ou l’indifférence, partagé l’humiliation, l’espoir d’une justice et la volonté de défendre celles qui ne le peuvent pas, écrit Hélève Devynck dans les bonnes feuilles de son ouvrage dévoilées par Le Monde. On a de 20 à 60 ans. On vit à la campagne, dans un village, dans une grande ville de France ou à Paris. On est bourgeoise, de droite ou de gauche, fauchée ou pas, militante associative, psychothérapeute, enseignante, restauratrice, vendeuse chez Intersport, journalistes pour beaucoup. Les écrivaines sont surreprésentées, les anorexiques aussi. Certaines étaient mineures au moment des faits.” Quelques jours avant la publication de ce livre, deux nouvelles victimes présumées ont pris la parole dans les colonnes de Libération.
Deux nouvelles plaintes contre PPDA
Les romancières ont déposé deux nouvelles plaintes, pour un viol et des agressions sexuelles, contre l’ancien présentateur du JT de TF1. Aujourd’hui âgée de 44 ans, Bénédicte Martin accuse PPDA d’une agression sexuelle qui se serait déroulé en novembre 2003. Après lui avoir fait lire un manuscrit, elle aurait été invitée dans une émission littéraire intitulée Vol de nuit. Après le tournage, selon Libération, “PPDA finit par arriver dans un bureau, enlève ses chaussures et lui propose un verre de très bon rhum (…) Puis il lui fait admirer la vue sur la Seine. Avant de la saisir par la gorge en lui faisant une clef de bras, remonter sa jupe et tenter de l’embrasser“. Dans cette enquête, nos confrères ont également recueilli le témoignage de Margot Cauquil-Gleizes. Cette enseignante de 53 ans accuse PPDA d’un viol qui aurait eu lieu en 1984, alors qu’elle n’avait que 16 ans.