Dimanche 4 septembre 2022, Madeleine Riffaud, une ancienne résistante âgée de 98 ans, s’est rendue aux urgences. Elle a patienté pendant 24 heures avant d’être finalement prise en charge.
Madeleine Riffaud est une ancienne résistante, historienne, poète, correspondante et guerre et journaliste, aujourd’hui âgée de 98 ans. Le dimanche 4 septembre, elle a décidé de se rendre à l’hôpital pour passer des examens médicaux, car elle souffrait des cordes vocales après un Covid long. Elle a été transportée par le SAMU à l’hôpital Lariboisière aux alentours de midi et demi. Très rapidement, elle a été laissée sur un brancard, au milieu des autres malades et sans manière de communiquer avec ses proches. Son calvaire ne faisait pourtant que commencer puisqu’elle y restera pendant 24 heures, sans même recevoir de nourriture.
En effet, comme elle l’a confié dans une interview accordée à C à vous le mardi 20 septembre, les infirmières étaient complètement dépassées par la situation. “L’infirmière était débordée et elle disait “j’arrive !”, “ça vient”, “ça marche” mais elle ne venait pas. Moi, j’étais au milieu de la foule, une dame comme tout le monde. Et là j’entends dire autour de moi ‘Mais pourquoi on a envoyé cette pauvre femme ici ? Elle vient d’avoir 98 ans, on ne les prend plus, maintenant, on trie’. Je me dis, c’est ça les urgences maintenant ?” a-t-elle raconté.
Après avoir patienté pendant 24 heures et reçu un verre d’eau tiède au bout de 12 heures, l’ancienne résistante a finalement été transférée dans une clinique privée, faute de lit disponible. Suite à sa prise en charge dans le “no man’s land“, Madeleine Riffaud a décidé de publier une lettre ouverte sur le site de la revue Commune et de La Croix. Dans cette tribune destinée à Nicolas Revel, le directeur de l’APHP, elle a dénoncé l’état préoccupant de l’hôpital public.
Dans son interview accordée à C à vous, elle est revenue sur ce qui la révolte le plus : l’inaction du gouvernement face à une situation d’urgence. “Les gouvernements se suivent et ne font rien. Personne n’a rien fait. On avait pour principe de rentabiliser l’hôpital. L’hôpital est devenu une usine. Et à cause de ça, c’était déjà le bordel en 1974. Maintenant, c’est toujours pareil, voire pire depuis le Covid” a-t-elle déclaré, très faible et encore sous le choc.
Si Madeleine Riffaud dénonce cette situation, c’est parce qu’elle la connait bien. En effet, en 1974, elle s’était infiltrée comme aide-soignante dans un service de chirurgie cardio-vasculaire d’un hôpital parisien puis au sein du SAMU. La romancière avait ensuite publié le livre “Les linges de la nuit“. L’ouvrage qui décrivait la situation des hôpitaux publics s’était ensuite vendu à près d’un million d’exemplaires. Des années plus tard, la femme de 98 ans déplore le fait que la situation soit toujours la même, avec en plus l’épuisement du personnel hospitalier dû à la crise sanitaire.