Une expertise psychologique troublante du mari de Delphine Jubillar révèle le portrait d’un homme « très peu, voire pas déstabilisé ou déstabilisable ». Décryptage.
Au mois de mai dernier, Cédric Jubillar avait rendez-vous avec un expert psychologue. « Les gendarmes ont maquillé les preuves, le sang sur le pyjama, la voiture changée de place, plein de petits trucs comme ça », a affirmé celui a qui a été mis en examen en juin 2021 pour le meurtre de sa compagne dont le corps n’a d’ailleurs toujours pas été retrouvé. L’information dévoilée le 29 août dernier dans les colonnes du Parisien puis relayée par nos confrères de France Info ce samedi 17 septembre a de quoi semer le trouble, encore une fois. Cédric Jubillar répète ne pas avoir sa part de responsabilité dans la disparition de son épouse dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 du côté de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn. L’un de ses co-détenus soutient pourtant que le suspect lui aurait confié avoir assassiné Delphine Jubillar à l’aide d’un couteau avant d’enterrer son corp dans une ferme de Cagnac-les-Mines qui a a été incendiée depuis.
« Par lassitude ou par fatigue », Cédric Jubillar, 35 ans, a souhaité interrompre ses consultations psychologiques au terme de cinq séances. L’expertise troublante dresse le portrait d’un individu « très peu, voire pas déstabilisé ou déstabilisable ». Cédric Jubillar « n’a pas varié de position ou de manière d’opérer dans les entretiens successifs. Il n’a pas montré de mouvements d’humeur ». « Il ne laisse pas prise à la surprise » et « bétonne » ses moindres déclarations. Ses réponses « sibyllines et évitantes » laissent planer le doute. L’expert psychologue craint de voir Cédric Jubillar refuser « de se découvrir, de se dévoiler psychologiquement » même si la justice le déclare coupable de l’assassinat de son épouse. L’artisan plaquiste multiplie les « marques de déni et dissimulation » tout en restant « dans la réserve, mais non dans l’agressivité ». S’il ne présente « aucun trouble psychiatrique » selon l’expert, Cédric Jubillar révèle parfois une autre facette, « rejetant et sur la défensive si on cherche à le déstabiliser ».
Quand on lui demande de se décrire, Cédric Jubillar se qualifie d’abord de « déconneur », puis enchaîne les adjectifs : « têtu, borné, minutieux dans le travail, ponctuel ». Il va même jusqu’à se trouver « arrogant » et n’ignore pas qu’on le juge parfois comme « connard asocial » et « trop franc ». « Bizarre » selon ses voisins, Jubillar mentionne également la famille et les amies de sa femme qui ne l’aiment pas. Un désamour qui ne le perturbe pas davantage : l’accusé se « fout » de l’opinion des autres. Avec ses airs de « petit garçon » qu’il prend pour « susciter la compassion » de temps en temps, peut-on envisager l’interruption de sa détention provisoire déjà longue de plus d’un an ? En attendant d’être entendu à nouveau sur l’affaire vendredi prochain, Cédric Jubillar a déposé (via ses avocats) une sixième demande de mise en liberté qui a été encore une fois refusée. Le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) réfléchirait à lui offrir la possibilité de recouvrer la liberté avec un bracelet électronique.