Le 13 décembre 1988, le corps dépecé de Françoise Gendron, 38 ans, est découvert sur le parking de l’hôpital Trousseau, à Tours. Closer revient sur cette affaire troublante, sur fond d’amitié fusionnelle et de jalousie maladive.
C’était il y a presque 35 ans. Le 13 décembre 1988, trois sacs poubelle sont retrouvés sur le parking de l’Hôpital Trousseau, à Tours, et aux abords d’un supermarché. À l’intérieur, le corps dépecé d’une femme. La police cherche tout d’abord à l’identifier, mais l’absence de tête rend la tâche difficile… Quelques jours plus tard, néanmoins, l’enquête prend un premier tournant. Par téléphone, un anonyme indique aux policiers que la victime est Françoise Gendron, une mère célibataire de 38 ans jusque-là sans histoire.
L’identité de la victime vérifiée, les enquêteurs se penchent sur sa vie et son entourage. Ils font la rencontre de Sylvie Reviriego, la meilleure amie fusionnelle de Françoise Gendron. Cette dernière les met sur la piste de deux hommes, avec lesquels elle et Françoise avaient l’habitude de sortir en discothèque. Elle explique qu’avant de mourir, son amie avait l’intention de les dénoncer pour leur implication dans un trafic de drogues. Sans attendre, la police interpelle les deux jeunes hommes, Michel et Luc, mais décide de s’intéresser de plus près au profil de Sylvie Reviriego en perquisitionnant son domicile. Sur place, ils remarquent d’étranges petites tâchent brunes autour de la baignoire. Ils mettent également la main sur des bijoux ayant appartenu à Gendron. Rien d’étonnant, au vu de la relation qu’elle entretenait avec Reviriego, mais l’amie de la victime est tout de même placée en garde à vue.
Pour “ne plus voir sa tête”¸ elle l’a mise au four
À juste titre. Après plusieurs heures d’interrogatoire, Sylvie Reviriego passe aux aveux : c’est elle qui a tué Françoise Gendron. Comme un livre ouvert, l’aide-soignante révèle tous les détails de la journée du 12 décembre 1988. Elle explique être d’abord allée chez son amie, et avoir tenté de la tuer en laissant volontairement tomber un sèche-cheveux dans son bain. Sa tentative d’électrocution ratée, elle a invité Françoise chez elle et l’a droguée aux anxiolytiques. Ont suivi quarante-huit heures d’horreur. Après avoir tenté de noyer son amie dans sa baignoire, Reviriego lui a taillé les veines avec un scalpel. En parallèle des préparatifs de l’anniversaire de son fils, signifiant s’être mise dans une “drôle de galère“, elle s’est alors rendue chez ses parents, où elle a emprunté un couteau de chasse et un hachoir. De retour chez elle, Reviriego a dépecé le corps de son amie sur son balcon, et dissimulé sa tête sous un seau. “Pour ne plus voir sa tête“¸ admettra-t-elle.
Cette tête, elle s’acharnera dessus pendant trois nuits à coups de marteau, jusqu’à finir par la mettre au four à 360°, dans l’espoir de la rendre plus facile à faire disparaître. Aux enquêteurs, Reviriego racontera avoir jeté les restes dans la Vienne. Ils y seront retrouvés, preuve de la véracité de son sinistre récit.
Psychose médicamenteuse ou jalousie maladive ?
Mais pourquoi une mère de famille sans histoire a-t-elle ainsi perdu toute humanité ? Dans un premier temps, la piste médicamenteuse est étudiée. Sylvie Reviriego, en effet, souhaitait maigrir et consommait sans modération des cocktails composés de diurétiques, d’extraits thyroïdiens, d’amphétamines et de coupe-faim. Un mélange jugé toxique et dangereux sur le plan cardiaque, mais innofensifs sur le plan psychique. Ainsi, les psychiatres estiment que les médicaments n’ont rien à voir avec le coup de folie de Reviriego. Pour eux, la mère de famille s’est acharnée sur sa meilleure amie par jalousie. Selon certains rapports, elle ne supportait plus les “jérémiades” de Gendron, son attitude libertine avec les hommes et ses nombreuses demandes d’argent. De plus, elle avait, vis-à-vis d’elle, un sentiment d’infériorité depuis l’enfance. En cause, des séquelles liées à une polio contractée très jeune, qui lui auraient valu les moqueries de la part de ses camarades d’école.
En juin 1991, Sylvie Reviriego est jugée coupable du meurtre de Françoise Gendron et condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité. Elle dispose néanmoins d’une liberté conditionnelle depuis août 2009. Trente-cinq ans après, policiers, magistrats et médecins ignorent toujours ce qui a poussé la jeune aide-soignante, décrite par sa mère comme “la fille dont toutes les mamans du monde peuvent rêver”, à commettre l’impensable.