Tous deux étaient habillés en bleu marine, mais seul l’un des deux est encore au Rassemblement national. Antoine Baudino (Reconquête !), en costume et cravate, était jugé ce lundi à Marseille pour avoir adressé un coup de tête à Enzo Alias (RN), venu en polo Fred Perry. Un coup de boule donné à l’occasion d’une réunion tenue par Stéphane Ravier en février dernier alors que, en pleine campagne présidentielle, le sénateur marseillais s’apprêtait à quitter le RN pour rejoindre le parti d’Eric Zemmour.Si un coup a bien été porté, en témoigne les deux jours d’ITT et le nez ensanglanté arboré par Enzo Alias, délégué des jeunes avec Marine, le jeune assistant parlementaire de Stéphane Ravier s’est défendu d’avoir fait usage de sa tête et préfère parler « d’une main posée à plat » sur le visage de son ancien camarade, « façon raffut », cette technique de rugbyman afin de parer un placage. « Je pense que si je lui avais mis un violent coup de tête, il aurait eu une déviation de la cloison nasale », a avancé Antoine Baudino. « Je ne vois pas ce que change une blessure venue d’un coup de tête ou du plat de la main », a opposé le juge.Un différend sous fond de désaccord politiqueDe l’inimitié qui caractérise désormais la relation entre ces deux jeunes hommes, le tribunal n’en a pas su grand-chose, si ce n’est un différend sous fond de désaccord politique régulièrement joué sur les réseaux sociaux, notamment durant cette période électorale ou la tension entre les deux formations d’extrême droite a atteint son paroxysme. « Je suis venu à cette réunion pour écouter ce que Ravier avait à dire et voulais donner point de vue aux personnes que je connaissais », a expliqué Enzo Alias, resté fidèle à Marine Le Pen, au sujet de sa présence ce soir-là dans le 13e arrondissement.Selon ce dernier, Antoine Baudino se serait alors approché de lui et lui aurait adressé, ni une, ni deux, un coup de tête peu après lui avoir demandé de partir. Une version corroborée par le témoignage d’une des 300 militants sur place. Un déroulé que l’intéressé conteste, évoquant que le délégué des jeunes avec Marine l’aurait alors bousculé et levé la main sur lui. Face à la menace, il l’aurait alors repoussé du plat de la main.Une audience « qui prête à sourire », a concédé Lisa Scemama, l’avocate d’Enzo Alias, qui a demandé 500 euros au titre du préjudice moral. Une demande que la procureure a suivie dans sa réquisition. Julien Pinelli, l’avocat d’Antoine Baudino, a pointé une « enquête carencée », avec une seule témoin sans que la police n’en recherche d’autres à décharge. Les deux ex-camarades sont sortis du tribunal sans échanger un mot ni un regard. Le jugement a été mis en délibéré au 10 octobre prochain.PolitiqueReconquête ! et Eric Zemmour rêvent d’un destin à l’italiennePolitiqueLes Répulicains : Eric Ciotti, candidat à la présidence, fait sa rentrée en force dans son fief des Alpes-Maritimes