Alors qu’une enquête judiciaire pour “chantage politique” a été ouverte après une plainte visant le maire de la ville et l’un de ses adjoints, Mediapart a publié ce lundi des enregistrements de Gaël Perdriau et son directeur de cabinet au moment des faits.
Le site d’information Mediapart, à l’origine de l’ouverture d’une enquête judiciaire pour “chantage politique” après une plainte visant le maire LR de Saint-Étienne Gaël Perdriau et un de ses adjoints, publie lundi des enregistrements accablants pour l’élu et son chef de cabinet.
Au coeur de cette affaire, une vidéo à caractère sexuel enregistrée en 2014 pendant que Gilles Artigues, ex-adjoint municipal et ex-député connu pour son engagement catholique, se faisait masser par un homme dans une chambre d’hôtel à Paris.
Pour contrecarrer ce chantage, l’élu centriste a lui-même enregistré des conversations avec le maire et son directeur de cabinet Pierre Gautierri. Des enregistrements transmis aux enquêteurs, selon Mediapart qui en publie des extraits audio.
“J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec. Ça ne vous dérange pas ? Le très catholique député Gilles Artigues très bon père de famille dans un truc comme ça?”, lance le chef de cabinet dans un enregistrement audio datant de juillet 2018 toujours selon Mediapart.
Quand Gilles Artigues le prévient qu’il pourrait saisir la justice, il lui répond: “si vous faites ça, l’ensemble des parents et des élèves qui sont dans la même classe que vos enfants recevront une copie du film (…) et je pense que vos enfants ne s’en remettront pas”.
“Il y a d’autres moyens de faire, on n’est pas obligé de diffuser publiquement”, ajoute la voix du maire sur cette bande audio, en évoquant une diffusion “en petits cercles, avec parcimonie”.
Dans un autre enregistrement en date du 27 novembre 2017 et toujours en présence du maire, selon Mediapart, on entend le chef de cabinet dire qu’il “fonctionne exactement comme peut fonctionner un criminel: de la même manière, je n’ai aucune foi ni loi”.
“Si le fait que j’aille en taule vous fait tomber parce que vous passez pour une vieille pédale sur le retour (…) je n’ai aucun problème”, affirme-t-il.
“Une fois que c’est sur les réseaux, ce n’est plus du chantage, c’est une exécution”, avertit de son côté le maire dans cet enregistrement.
Contactés par l’AFP, Gaël Perdriau et son avocat n’étaient pas disponible lundi. Après la publication par Mediapart des confessions détaillées d’un des organisateurs du chantage, le maire de Saint-Étienne a dénoncé les “accusations ignobles” en se disant pressé d’être entendu par la police judiciaire.
Un volet de l’enquête dépaysée au parquet de Lyon porte sur la rétribution de celui qui a organisé le tournage de la vidéo et affirme avoir été payé via des prestations fictives facturées à deux associations financées par la municipalité.