Un détenu de 33 ans a été mis en examen pour tentative de viol et agression sexuelle le 18 août dernier. Pour la première fois, la victime témoigne au micro de BFMTV.
Elle se sent “salie et humiliée.” Mais c’est forte et courageuse que Shana (le prénom a été modifié) a décidé de porter plainte et de témoigner contre son agresseur. Cette femme de 34 ans, mère de trois enfants, a été agressée alors qu’elle travaillait à la buanderie de la prison en présence de détenus.
Employée d’une entreprise privée sous-traitante de l’administration, elle a l’habitude de côtoyer les prisonniers, et notamment les “auxiliaires”, des détenus autorisés à travailler au sein du centre pénitentiaire.
N’étant pas surveillante-pénitentiaire, elle n’est pas censée être seule face aux détenus et doit toujours être accompagnée d’un gardien. Mais ce matin-là, personne n’est là pour l’accompagner et Shana se retrouve seule face à six détenus.
Dans la matinée, alors que les prisonniers travaillent, un premier incident survient. L’un des détenus, en détention provisoire pour des soupçons de viol, lui “attrape brusquement le bras”.
“Il me tire vers lui et me demande de l’embrasser. Sur le coup, ça m’a fait peur, mais sans plus”, raconte Shana à BFMTV.
Elle explique avoir repoussé le détenu “en disant qu’il était malade.” Quelques heures plus tard, après avoir quitté la pièce, le même homme prétexte d’avoir oublié quelque chose dans la buanderie et se retrouve face à Shana.
“Il m’agrippe, m’étrangle, me force à m’asseoir. Je me relève pour me défendre. Et puis là, il me plaque sur l’armoire, commence à me pincer les seins, à mettre ses mains dans ma culotte”, explique la trentenaire.
Shana confiera aux enquêteurs que le détenu a ainsi glissé sa main dans son pantalon, lui a touché les fesses et a tenté de la pénétrer avec ses doigts.
L’agression dure quinze minutes. Dans la salle, il n’y a aucune caméra: personne ne vient à son secours. Shana parvient à se dégager et le détenu s’enfuit lui de la buanderie, mais demande à sa victime “de ne pas le dénoncer.”
“Il me disait: ‘Si je me suicide, ce sera de ta faute, tu auras ma mort sur la conscience'”, affirme Shana.
Depuis l’agression, la trentenaire a porté plainte, mais les séquelles psychologiques sont vives. “Il a détruit une partie de moi, je n’ai plus la même joie de vivre qu’avant”, confie-t-elle.
Shana fait surtout un sombre constat de la situation sécuritaire en prison, décrivant l’établissement comme “une cour de récréation”.
“Pour moi, il n’y a aucune sécurité là-dedans. Tout le monde fait ce qu’il veut, tout le monde se balade où il veut, avec qui il veut”, affirme-t-elle.
Son agresseur a été mis en examen pour tentative de viol et agression sexuelle. Il a aussi été transféré à la prison de Fleury-Mérogis, où il a écopé de 30 jours de quartier disciplinaire, la sanction la plus lourde dans l’établissement.