Mediapart a publié un enregistrement audio de Gaël Perdriau dans lequel le maire de Saint-Étienne évoque clairement le chantage à la sextape subi par son ancien adjoint Gilles Artigues. Une opération montée par des proches de l’élu.
L’affaire prend un tournant délicat pour l’actuel maire LR de Saint-Étienne. Alors que ce dernier nie avoir été impliqué dans le chantage à la sextape visant Gilles Artigues, son ancien premier-adjoint, monté par son entourage, Mediapart a diffusé mardi un enregistrement dans lequel Gaël Perdriau évoque cette vidéo.
L’enregistrement date du 12 avril 2022 et a été réalisé dans le cabinet du maire, selon le site d’investigation. On y entend une conversation entre Gaël Perdriau, le premier édile, et Gilles Rossary-Lenglet, acteur-clé dans cette affaire de chantage à la sextape. C’est lui qui, avec son ancien compagnon, a organisé la soirée au cours de laquelle Gilles Artigues s’est fait piéger.
Ce jour-là, Gilles Rossary-Lenglet a rendez-vous avec Gaël Perdriau. Au cours de cet entretien, il évoque des soucis personnels avec son ancien compagnon, Samy Kéfi-Jérôme, également adjoint à la mairie de Saint-Etienne. La conversation porte sur des éventuels projets de vengeance entre les deux ex-amants.
– “Je vois pas ce que Samy aurait sur moi, c’est moi qui ai des trucs sur lui, c’est pas l’inverse”, assure Gilles Rossary-Lenglet
– “Oui mais il y a des choses que vous avez peut-être fait ensemble… Je pense par exemple au coup d’Artigues. Bon, vous étiez deux quoi”, lui rappelle Gaël Perdriau, évoquant l’affaire du chantage à la sextape.
La conversation se poursuit sur ce sujet. Gilles Rossary-Lenglet reconnaît que si l’affaire “sort”, “c’est moi qui ai le plus à perdre”. “C’est les deux Gilles j’ai envie de dire, développe avec ironie le maire de Saint-Etienne. Parce que lui ce sera une victime… il (Gilles Artigues, NDLR) sera victime, enfin euh… une fois que la chose sera sur la table, euh…”
– “Je vais pas pleurer”, rétorque l’interlocuteur du maire.
– “Moi non plus, moi non plus (…) La première victime, ce sera lui, parce que quelque part…sauf que… une fois que les choses sont sur la table, il est mort. Même s’il y est pour rien, il est mort”, tranche Gaël Perdriau.
L’avocat du maire de Saint-Étienne assure que son client n’était pas impliqué dans le projet et dans la mise en place de ce chantage à la sextape. Il reconnaît toutefois que Gaël Perdriau avait entendu parler de rumeurs évoquant l’existence de cette vidéo, mais “n’y avait pas prêté attention”.
La vidéo date d’il y a huit ans. A l’hiver 2014, Gilles Artigues, alors adjoint au maire de Saint-Étienne, père de famille qui a fondé sa carrière politique sur des valeurs traditionnelles conservatrices, est filmé dans une chambre d’hôtel parisien en compagnie d’un jeune homme, un escort boy. Le piège a été monté par l’entourage de Gaël Perdriau dans le but de contenir l’influence et les ambitions de son adjoint.
Les premières révélations sur cette affaire date de la semaine dernière. Alors interrogé sur ce chantage, Gaël Perdriau disait être totalement étranger à cette affaire affirmant être “extrêmement choqué en découvrant un certain nombre d’assertions, une addition d’accusations complètement ignobles”.
Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Lyon. Trois juges d’instruction ont été nommés. L’enquête avance vite puisque des perquisitions ont déjà été menées par les policiers de la PJ de Lyon aux domiciles des protagonistes mais aussi à la mairie de Saint-Étienne et au sein des locaux du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, où Samy Kéfi-Jérôme siège comme élu.