Deux gendarmes ont été “sévèrement blessés”, ce jeudi après-midi à Vidaillat, après avoir été renversés par un conducteur britannique désormais en fuite. Le suspect, toujours en fuite, est connu Outre-manche: Robert Hendy-Freegard est un escroc, qui a notamment fait l’objet d’une série documentaire sur Netflix.
Ce jeudi après-midi, un homme de 51 ans au volant d’une Audi A3 a reversé deux gendarmes, les blessant “sévèrement”, à Vidaillat, dans la Creuse. Le suspect, en fuite et activement recherché par les forces de l’ordre, n’est autre que Robert Hendy-Freegard, ressortissant britannique dont le nom est bien connu Outre-manche et a notamment fait l’objet d’une série Netflix.
Dans les années 90, et jusqu’à son arrestation en 2002, l’homme se fait passer pour un espion du MI5, pour arnaquer des femmes, à qui il avait soutiré un total de plus d’un million de livres. BFMTV.com fait le point sur ce que l’on sait du profil du Britannique.
Robert Hendy-Freegard est né en 1971 dans le nord-est de l’Angleterre. Barman puis vendeur de voitures, l’homme se fait passer, dès les années 1990 pour un espion du MI5, les services secrets britanniques. Avec cette “couverture”, Robert Hendy-Freegard, qui se fait appeler David Hendy ou David Clifton, va arnaquer de nombreuses personnes, et principalement des femmes.
L’escroc cible notamment des étudiantes, qu’il pousse à entrer dans la clandestinité et à se couper de leur famille, pour échapper à l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise, qui chercherait à les tuer. Le faux espion leur offre “une protection” contre un apport financier important. Au total, le faux espion a soutiré plus d’un million de livres à ses victimes.
En 2002, Robert Hendy-Freegard est arrêté, dans une opération conjointe de la police britannique et du FBI, après avoir tenté d’arnaquer une Américaine, psychologue pour enfants.
Après un procès qui dure huit mois, l’escroc est condamné en 2005 par la justice britannique à la prison à perpétuité pour enlèvement, tromperie, vol sur des étudiants et des femmes. “Il parvenait à prendre le pouvoir et le contrôle sur la vie” de ses victimes, les forçant à vivre dans “un pauvreté abjecte”, expliquait Bob Brandon, le policier en charge de l’enquête, lors de son procès.
L’homme fait appel et est libéré en 2009, après qu’une cour d’appel a cassé sa condamnation pour enlèvements.
Désormais libre, Robert Hendy-Freegard s’installe en France en 2015. Il s’installe à Vidaillat, un tout petit village, avec sa compagne, Sandra Clifton, rencontrée en 2011 sur un site de rencontre.
Si le Britannique ne se rendait que “très rarement” dans la maison, isolée, sa compagne y vivait “totalement recluse” et “complètement sous influence”, selon la maire du village.
En France, Robert Hendy-Freegard s’adonne à l’élevage canin: le couple abrite près de 30 chiens, selon la maire. L’élevage, illégal, était visé par plusieurs signalements de la municipalité depuis deux ans. En juin, une demande de fermeture avait été décidée par la préfecture du département, indiquent nos confrères du Parisien.
Jeudi, des gendarmes sont dépéchés pour transférer les chiens vers la SPA,sous le contrôle de la DETSPP, chargée entre autres de la protection animale. Ils arrivent sur les lieux vers 9h30. Seule Sandra Clifton est présente sur les lieux, Robert Hendy-Freegard, lui, n’arrive que dans l’après-midi.
C’est alors que, selon la préfecture de la Creuse, au moment où “la gendarmerie demandait à l’un des conjoints de se déplacer à la brigade la plus proche”, l’homme “a démarré son véhicule puis percuté les deux militaires avant de prendre la fuite”.
Les gendarmes se sont vus prescrire 21 et six jours d’ITT. Une enquête a été ouverte par le parquet de Guéret pour “tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique”.
Avant son délit de fuite, Robert Hendy-Freegard avait déjà une mauvaise réputation auprès du voisinage. “Cela fait 4-5 ans qu’on sait que c’est une crapule”, a raconté à un correspondant de l’AFP, Serge, qui ne veut pas donner son nom, un voisin de la maison de pierres habitée par le couple, aujourd’hui aux volets fermés.
“On a eu peur, on a encore peur. C’est un mec fou, dangereux”, a encore relaté un voisin, témoin des faits, au micro de BFMTV. Quant à sa compagne, Sandra Clifton, les habitants de Vidaillat assurent qu’elle “vivait dans des conditions terribles”. Elle “ne sortait jamais à part dans sa petite cour, elle en était réduite à manger des châtaignes crues et des croquettes”, a affirmé le premier voisin à l’AFP.
“Son passe-temps, c’était ramasser les crottes des chiens et les promener (…) Elle passait ses jours à ça”, a relaté un autre voisin à notre micro.
La relation entre Robert Hendy-Freegard et Sarah Clifton est notamment abordée dans un documentaire diffusé sur Netflix depuis le début de l’année, dont le Britannique est le héros. Dans “The Puppetmaster: leçons de manipulation”, les enfants de Sarah Clifton affirment que l’escroc l’aurait progressivement éloignée d’eux.
“Je n’ai pas vu ma mère depuis 7 ans”, confiait ainsi son fils. Ses enfants y affirmaient même ne pas savoir “où elle est”. Retrouvés puis contactés par la municipalité en février dernier, les enfants de sa compagne la pensaient en effet disparue, a précisé Martine Laporte, la maire de la commune.
Robert Hendy-Freegard est aussi l’héros d’un film, également diffusé sur Netflix, intitulé “Rogue Agent”, avec James Norton et Gemma Arterton.