Sur BFMTV, Dominique Simonnot estime que le véritable scandale réside dans la surpopulation carcérale et l’hygiène déplorable des cellules en France.
Depuis sa nomination en octobre 2020 en tant que Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot n’a de cesse d’alerter sur l’état déplorable des prisons françaises, surpeuplées et ne répondant pas aux normes d’hygiène de base. Interrogée ce lundi sur BFMTV concernant la controverse “Kohlantess”, après l’organisation à la prison de Fresnes (Val-de-Marne) d’un tournoi où des détenus ont notamment pu s’essayer au karting, elle a fustigé “une polémique un peu minable”.
“Le scandale ne se trouve pas là, mais dans la surpopulation carcérale, et notamment à Fresnes, qui est l’un des établissements les plus vétustes, bourré de cafards, de punaises de lit, de rats, où la vie est lugubre. Pour les détenus comme pour les surveillants”, a-t-elle avancé.
La France est régulièrement pointée du doigt pour l’état de ses lieux de privation de liberté. Selon un rapport de Dominique Simonnot publié en juin dernier, l’Hexagone comptait 71.053 détenus au 1er avril 2022 pour 60.683 places, soit une densité carcérale de 117,1%. À Toulouse, 1600 détenus dorment au sol, avec un taux d’occupation de 187%.
À ceci s’ajoute des conditions d’hygiène déplorables. Le 30 janvier 2020, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France pour traitements inhumains et dégradants après la saisie effectuée par 32 personnes détenues en France. La présence de nombreux nuisibles, comme des rats, des punaises de lits et des cafards est régulièrement évoquée.
Prenant en considération cet état des lieux, Dominique Simonnot ne juge donc pas choquant que des détenus aient pu s’amuser le temps d’une journée lors de différents défis, où ils ont dû “affronter” des surveillants pénitentiaires. Loin de là.
“Que pour une fois, ils puissent rigoler ensemble…”, a-t-elle déclaré sur notre antenne. “Ça participe à la réinsertion car ça crée du lien entre détenus et surveillants, ça doit empêcher beaucoup de violence. (…) Ce genre d’événement participe à un retour dans la société. S’amuser ne peut que faire du bien”.
Ce genre d’activités n’a d’ailleurs rien de nouveau dans les prisons françaises. Dominique Simonnot évoque ainsi des matchs de football, du VTT ou même des balades à cheval qui y sont organisés.
“Simplement, les images ne sont pas publiques. Mais la France est un pays où quand les choses se passent en cachette, tout va bien. Quand les choses deviennent publiques, elles se gâtent. Je trouve ça d’une particulière mauvaise foi”.
Pour la contrôleuse générale des prisons, l’ampleur qu’a pris la polémique repose également sur l’idée que l’opinion publique se fait d’une condamnation. En 2021, elle expliquait sur France culture qu’il “faudrait que cesse l’idée en France que la seule peine qui vaille, c’est la prison. C’est une idée très judéo-chrétienne: il faut flétrir les corps, il faut que tu souffres, que tu en baves… Mais la privation de liberté c’est déjà en baver!”. Des propos qu’elle a maintenus sur BFMTV ce mardi:
“La France est un vieux pays qui penche pour le châtiment corporel”.
Avant de conclure: “c’est l’extrême droite qui s’est emballée dessus. Je regrette que la politique pénale et pénitentiaire se tienne sur Twitter”. Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a de son côté annoncé l’ouverture d’une enquête administrative après des images jugées “choquantes”.