L’écrivain américano-britannique Salman Rushdie a été la victime d’un attentat à l’arme blanche vendredi dernier dans l’Etat de New York. Une agression commise après l’allégement du dispositif de sécurité visant à assurer la sécurité de l’écrivain, ciblé par une fatwa depuis plus de trente ans. Lors de ses déplacements en France, c’est le Raid qui était chargé de sa sûreté.
Objet d’une fatwa émise par l’ayatollah iranien Khomeiny en 1989 après la parution de son roman Les Versets sataniques, l’écrivain Salman Rushdie vit sous la menace islamiste depuis 33 ans. Un péril qui a bien failli l’emporter vendredi dernier, quand un Américain d’origine libanaise de 24 ans l’a poignardé à une dizaine de reprises.
Cet attentat a été perpétré alors que les mesures de protection autour de l’écrivain américano-britannique ont été sensiblement revues à la baisse ces dernières années. Car l’auteur a longtemps dû s’accommoder d’un dispositif de sécurité particulièrement étoffé, que ce soit aux Etats-Unis, au Royaume-Uni où il vivait auparavant, ou lors de ses séjours à l’étranger.
En France, le Raid était chargé de veiller sur les déplacements de Salman Rushdie. Bruno Pomart, ex-instructeur du Raid et lui-même membre de son escorte, a expliqué au micro de BFMTV les importants moyens affectés à la protection de l’écrivain dans les années 1990.
“L’Angleterre assurait sa sécurité avec Scotland Yard et le MI5 (services secrets britanniques, NDLR) et en France, le Raid assurait sa sécurité”, a ainsi resitué Bruno Pomart. “Je faisais partie de ces effectifs dédiés à la sécurité de Salman Rushdie. Il y avait une très grosse équipe autour de lui, très présente pendant des années.”
“On couvrait les 360° de sa personnalité. On appelait ça le ‘dispositif en diamant'”, a poursuivi Bruno Pomart. “On était huit agents du Raid à assurer sa sécurité en permanence lorsqu’il était sur le territoire français. (…) En plus de ça, il y avait trois autres personnes pour assurer sa sécurité et éviter un drame.”
Une escorte pléthorique qui n’est pas sans inconvénient pour la personnalité concernée.
“Sur le temps, c’est vrai, ça devient pesant, et Salman Rushdie devenait irritable sur ce sujet parce que vivre comme ça pendant 30 ans, ça devient très compliqué”, s’est souvenu Bruno Pomart. “Ces personnalités doivent assumer cette sécurité parce qu’elles sont porteuses d’une parole contre l’islamisme radical et autres et mettent leur vie en danger”.
La protection mise en place autour de l’auteur avait cependant été progressivement allégée. Une décision funeste, pour Bruno Pomart. “Malheureusement, ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis est l’exemple flagrant d’un manque de sécurité total autour des déplacements de monsieur Rushdie”.
Dans la foulée de son agression, le romancier de 75 ans, blessé à l’oeil et au foie, a été admis dans un hôpital de Pennsylvanie. Son état de santé s’y rétablit peu à peu. “Il n’est plus sous respirateur. Il est sur la voie du rétablissement, son état s’améliore”, a ainsi salué son agent dimanche.