L’ancien vigile de l’établissement assure avoir suivi les demandes de ses supérieurs en refusant l’entrée à des clientes en raison de leur couleur de peau. Le restaurant évoque de son côté un “accident”.
Pour le videur, la consigne venait de plus haut. Damien, ancien vigile du restaurant Manko, dans le VIIIe arrondissement de Paris, prend la parole, alors que l’établissement est accusé de racisme après avoir refusé l’entrée à trois jeunes femmes, mi-juillet. L’ex videur assure avoir reçu des “consignes” de ses supérieurs.
“On m’a dit tout de suite: ‘il n’y a pas beaucoup d’Africains que tu dois laisser (entrer), il n’y pas beaucoup de Maghrébins que tu dois laisser (entrer). Il ne faut pas que ça soit communautaire'”, assure-t-il au micro de BFMTV.
À la question de savoir d’où venaient ces consignes, il mentionne “des managers” et assure n’avoir fait qu’appliquer “la politique de l’établissement”.
L’affaire remonte au 16 juillet dernier. Trois jeunes femmes noires se présentent devant l’établissement, situé à quelques mètres des Champs-Elysées, après avoir préalablement réservé. Mais l’entrée leur est refusée par le videur.
Le motif? Leur tenue, pas assez élégante, selon lui. Les clientes assurent pourtant qu’elles étaient toutes chaussées de talons, deux portaient une robe et la troisième une chemise blanche.
Damien explique que le restaurant, déjà confronté à des accusations similaires par le passé, était même allé jusqu’à mettre en place des stratagèmes pour refuser certains clients en fonction de leur couleur de peau.
“Ils ont dit: ‘maintenant, on va être plus intelligents. Tous les gens africains, tu vas les refuser au moindre prétexte. Par exemple s’ils ont des baskets, s’ils n’ont pas de chemise'”, raconte-t-il.
Tony Gomez, gérant de l’établissement, avait déjà réagi à cette affaire sur notre antenne il y a quelques jours, parlant d’un “accident”, alors qu’une vidéo de l’incident circulait sur les réseaux sociaux.
“Quand j’ai appris ça, j’étais en furie parce que, comme tout le monde, j’ai découvert des images. Je me suis dit: ‘c’est quoi cette histoire?'”, avait-il dénoncé.
Le vigile, mis en cause lors de l’incident, ne travaille plus pour l’établissement. Il est désormais la cible de menaces de mort sur les réseaux sociaux.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour “discrimination fondée sur l’origine, l’ethnie ou la nationalité” et confiée à la brigade de la répression de la délinquance aux personnes.