L’été et le climat sec favorise les incendies. Toutefois, ils sont parfois causés par des pyromanes. Au moins deux feux de forêt qui sévissent sur la façade ouest de la France seraient d’origine criminelle.
“En l’état des investigations, la thèse criminelle est privilégiée.” Vendredi dernier, le parquet de Bordeaux faisait l’amer constat que l’incendie de Landiras (Gironde), qui a détruit 13.800 hectares, avaient été causé par une intervention humaine volontaire. Un homme a d’ailleurs été placé en garde à vue, avant d’être libéré, “les éléments recueillis” le mettant hors de cause. Mercredi, le “caractère criminel manifeste” était également établi pour l’incendie du Mont d’Arrée dans le Finistère.
Avec l’été et alors que les incendies ravagent des milliers d’hectares de forêt, la question de la pyromanie revient. Elle est considérée comme un trouble psychiatrique proche du joueur addict aux jeux d’argent et qui consiste à allumer des feux. “La caractéristique essentielle de la pyromanie est le fait de mettre plusieurs fois le feu de manière délibérée et réfléchie”, établit le manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux.
“Chez le pyromane, il n’y a pas de mobile apparent, ce qui donne sa dimension pathologique”, résume auprès de BFMTV.com le docteur Laurent Layet, psychiatre et expert auprès de la Cour de cassation.
Classée parmi les troubles du contrôle des impulsions, cette pathologie repose sur une fascination pour le feu, mais aussi un intérêt profond pour les services de secours. “Souvent, les pyromanes restent à proximité ou ils viennent aider les secours, poursuit le psychiatre. Ils ont un intérêt vif à contempler le feu.” Ils agissent dans une période où ils peuvent rencontrer des difficultés, l’allumage d’un feu agissant comme une forme de compensation.
S’il n’y a pas de profil type du pyromane, ce dernier agit la plupart du temps sur le principe d’un même fonctionnement. “Il y a une espèce d’état de tension juste avant de passer à l’acte et une excitation très intense au moment de passer à l’acte, développe le docteur Layet. Puis il redescend après avoir allumé un feu. En allumant un incendie, il cherche à reproduire cette satisfaction, à répéter ce scénario.”
Ayant eu pour patient des pyromanes au cours de sa carrière, l’expert auprès de la Cour de cassation relève que ces personnes ont très peu de recul vis-à-vis des conséquences de leur geste. C’est par cet aspect que le pyromane est à distinguer de l’incendiaire qui agit volontairement en poursuivant un mobile qu’il soit pécuniaire, avec un esprit de vengeance ou pour des motivations politiques.
“Leur premier système de défense est de dire ‘non, ce n’est pas moi’, même confronté à des éléments objectifs, il y a un problème de reconnaissance, poursuit le psychiatre. Et confrontés à certaines évidences, ils entrent dans un mécanisme de minimisation.”
La distinction entre pyromane et incendiaire n’existe pas dans le code pénal. La destruction par incendie est punie de 10 ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende. La peine peut être portée à 15 ans de réclusion criminelle quand l’incendie touche une forêt, un bois ou un maquis.