Le parquet a requis ce mardi le renvoi de l’islamologue devant les Assises pour quatre viols. Une décision peu surprenante, selon l’avocat de la défense.
Après plus de quatre ans et demi d’information judiciaire, le parquet a demandé ce mardi le renvoi devant les Assises de Tariq Ramadan, accusé de viols sur quatre femmes entre 2009 et 2016. Toutes ont raconté avoir été victimes de situations d’emprise, accusations que l’islamologue a rejetées et décrites comme étant “imaginaires” ou comme de simples “relations de domination consenties”.
“Il reste serein face au réquisitoire définitif qui a été dressé. Il n’est absolument pas étonné: le parquet a toujours été extrêmement orienté dans cette affaire à l’endroit de Tariq Ramadan”, estime son avocat, Me Ouadie Elhamamouchi, invité sur le plateau de BFMTV ce mardi.
Parmi les plaignantes figurent Henda Ayari, une ex-militante salafiste devenue laïque, ainsi que Christelle (prénom d’emprunt). Ces dernières ont porté plainte contre Tariq Ramadan dès 2017, dénonçant des viols de sa part. Une escort-girl a également déposé plainte, l’accusant de l’avoir violée à neuf reprises entre 2013 et 2014. Enfin, la dernière plaignante avait été identifiée par les enquêteurs, qui avaient retrouvé des photos d’elles dans l’ordinateur de l’islamologue.
Si Tariq Ramadan reste “extrêmement serein”, c’est qu’il estime comme son avocat que les plaignantes ont menti à de nombreuses reprises au cours de l’instruction. “Il y a une dizaine de mensonges flagrants et d’inventions. Par exemple, Christelle était censée être mourante dans la chambre d’hôtel, mais des expertises ont prouvé qu’elle avait ensuite pu assister à une conférence”, raconte la défense.
Alors que la question du consentement est au coeur même du dossier, Me Ouadie Elhamamouchi évoque une version différente de celle avancées dans les réquisitions du parquet.
“Les choses, en vérité, sont beaucoup plus complexes. Il y a toujours eu du consentement. Ça n’a jamais été dénié par les parties adverses”, lance-t-il sur le plateau de BFMTV.
Selon lui, l’expertise réalisée au cours de l’instruction est elle aussi problématique. “L’expertise est faite sans avoir entendu Tariq Ramadan, c’est assez cocasse. Et qui de plus est faite par un expert avec lequel il est en conflit judiciaire, puisqu’il y a des procédures en cours devant le Conseil de l’Ordre.”
Interrogé sur le changement de version de son client, qui affirmait au début n’avoir jamais eu de rapports sexuels avec ces femmes avant d’avouer des relations selon lui consenties, l’avocat évoque des “raisons peut-être personnelles”.
“Le coeur du problème, ce n’est pas de faire du moralisme envers M. Ramadan. À un moment, effectivement, pour des raisons peut-être personnelles, il a contesté ces relations. Mais une fois qu’il a compris qu’il était dans son intérêt de dire ce qu’il s’était réellement passé, celui qui a toujours dit la vérité est Tariq Ramadan. Ce qu’a réussi à prouvér la Brigade criminelle que ces plaignantes avaient tenu des dires mensongers.”
Par ailleurs, Me Ouadie Elhamamouchi dénonce des “collusions” entre les différentes plaignantes, qui n’ont d’abord pas dit qu’elles étaient en contact. “Les plaignantes se connaissaient, elles échangeaient des mails et tout cela figure noir sur blanc au dossier”, estime-t-il, prolongeant la thèse d’un “complot” que l’islamologue lui-même dénonce.
Après la requête du parquet, c’est à présent le juge d’instruction en charge du dossier qui doit se prononcer sur la tenue d’un procès aux Assises.