Deux hommes, dont un policier, ont été mis en examen dans l’affaire dite “Jacques Bouthier”. Ils auraient été engagés par l’ex-PDG d’Assu 2000 pour faire pression sur l’une des victimes.
Deux nouvelles personnes ont été mises en examen par le juge d’instruction en charge du dossier “Jacques Bouthier“, du nom de l’ancien PDG de l’assureur Assu 2000 mis en cause dans une affaire de viol, proxénétisme et traite d’êtres humains, a appris BFMTV confirmant les informations du Monde.
Les deux personnes mises en cause sont soupçonnées d’avoir été recrutées par Jacques Bouthier et son entourage pour faire pression sur la femme qui a dénoncé l’assureur et a apporté aux enquêteurs une vidéo sur laquelle il était filmé en compagnie de la “remplaçante” de la jeune femme, une adolescente de 14 ans.
Mi-mars, cette jeune femme âgée de 22 ans s’est présentée dans un commissariat parisien pour dénoncer les agissements de Jacques Bouthier. Elle avait expliqué qu’elle était “captive” d’un homme riche qui la violait depuis plusieurs années. Récemment, selon les dires de la plaignante, il lui avait demandé de recruter une autre jeune fille, estimant que cette dernière était “trop vieille”.
Jacques Bouthier et son entourage auraient embauché deux hommes afin de “mettre un coup de pression” à la jeune femme afin qu’elle ne dénonce pas les agissements de l’ex-PDG âgé de 75 ans.
Le premier, Philippe L., est un ancien boxeur reconverti dans la sécurité privée. Il a été mis en examen pour “association de malfaiteurs”, “non dénonciation d’agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans” et “corruption active sur personne dépositaire de l’autorité publique”. Il a été placé en détention provisoire.
Le second est un policier affecté à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Doté “d’excellents états de service”, selon son avocate, Freddy V. aurait été instrumentalisé par Philippe L, dans cette affaire. Il a ainsi expliqué aux enquêteurs que Philippe L. lui aurait donné “un tuyau” sur une jeune fille du monde de la nuit, vendeuse de cocaïne.
Convaincu qu’il pouvait faire une “belle arrestation”, Freddy V. a embarqué, à plusieurs reprises, trois de ses collègues pour se rendre au Perreux-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, en dehors donc de sa juridiction, dans le but de l’interpeller. Malgré plusieurs visites, il n’a jamais retrouvé la jeune femme. Interpellés, les trois collègues en question ont été mis hors de cause.
Freddy V. a été mis en examen des chefs de “corruption passive par personne dépositaire de l’autorité publique”, “d’abus de confiance”, de “complicité de détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel” et de “complicité de violation du secret professionnel”. Il a été laissé libre sous contrôle judiciaire avec interdiction de pouvoir exercer sa fonction de policier.
“Il ne savait pas du tout la finalité de ce qu’il faisait”, affirme Corinne Dreyfus-Schmidt, son avocate. “Il a été totalement instrumentalisé dans cette affaire.”
Trois procédures concernent cette affaire. Une information judiciaire pour “traite des êtres humains”, “viols” et “proxénétisme”, a été ouverte samedi 21 mai. Six personnes ont été mises en examen, Jacques Bouthier, sa femme qui était visiblement au courant de ses agissements, une jeune femme chargée de “recruter” celle qui a fini par dénoncer l’homme d’affaires et trois hommes de main, eux aussi chargés de retrouver la plaignante. Parmi eux figure un ancien gendarme du GIGN.
Une enquête préliminaire a aussi été ouverte par le parquet de Paris pour des faits d’abus de confiance. La justice cherche à savoir si Jacques Bouthier s’est servi des fonds de l’entreprise Assu 2000 pour financer ses activités criminelles.
Enfin, une autre enquête est en cours pour des faits cette fois-ci de “harcèlement sexuel”. Deux femmes, anciennes salariées, ont déposé plainte pour dénoncer le traitement que leur faisait subir l’ex-PDG lorsqu’elles travaillaient pour l’assureur. Une procédure en lien avec celle ouverte au Maroc après le dépôt de plusieurs plaintes.