Au micro de RTL, une ancienne patiente accuse la secrétaire d’Etat chargée du développement, gynécologue de profession, de l’avoir violée lors d’une consultation en 2018.
Elle s’appelle Lucie. Auprès de nos confrères de RTL, cette femme a souhaité rester anonyme. Lucie souffre d’endométriose. C’est pourquoi elle a rencontré en 2018 à l’hôpital Bégin de Saint-Mandé (Val-de-Marne) la secrétaire d’Etat chargée du développement, Chrysoula Zacharopoulou, grande spécialiste de la maladie.
Un passage entre les mains de la gynécologue de profession qui a laissé des marques. Voilà pourquoi elle souhaite témoigner aujourd’hui. A la fois pour aider les autres victimes, mais aussi prouver qu’elle avait déjà dénoncé ces faits à l’époque.
Le jour de sa consultation, Lucie se souvient avoir attendu Chrysoula Zacharopoulou, en retard. C’est alors que celle-ci arrive en tenue de sport:
“Sans me regarder dans les yeux, elle me demande de m’allonger. Puis sans me prévenir elle a mis sa main à l’intérieur de moi. J’avais l’impression que c’était un poing qu’on m’enfonçait. J’ai eu très mal mais je n’ai ni pleuré ni crié”, détaille Lucie.
Et d’ajouter les larmes aux yeux:
“C’est là qu’elle m’a dit: ‘normalement vous devriez crier. Vous devriez avoir mal.’ Elle appuyait, ça me faisait vraiment très mal. Ensuite, je me suis rassise. J’ai osé demander si c’était vrai que j’étais stérile. Elle a alors repris mon dossier et m’a dit ‘Mais ma pauvre vous n’avez rien compris, vous n’aurez pas d’enfant vous êtes stérile’. Lorsque je me suis mise à pleurer elle m’a demandé ‘Pourquoi vous pleurez, je ne vois pas l’intérêt’”.
Lucie n’a pas porté plainte. Pour l’heure, deux femmes se sont tournées vers la justice pour dénoncer des faits similaires, à savoir des touchés vaginaux et rectaux sans consentement pour des actes remontant à 2016.
Ainsi, la première plainte a été déposée par une ex-patiente de Chrysoula Zacharopoulou le 25 mai dernier pour des faits de viol. Une deuxième femme, majeure au moment des faits, a également déposé plainte le 16 juin dernier.
Une troisième femme aujourd’hui âgée de 26 ans a raconté mercredi à l’AFP avoir consulté cette gynécologue fin 2016 pour des problèmes d’endométriose. Elle explique avoir vécu sa consultation “au moins comme une agression sexuelle”, mais n’a pas porté plainte à ce stade. “Je me disais que personne ne me croirait, mais aujourd’hui c’est différent”, a-t-elle dit, ajoutant qu’elle “hésite” à le faire.
L’enjeu pour la justice va être de comprendre si ces actes médicaux non consentis peuvent recevoir une qualification pénale. L’enquête en cours devra déterminer la nature des faits, notamment s’il y a eu viol ou violence gynécologique.
La ministre ne s’est pour l’instant pas exprimée au sujet des plaintes à son encontre, et son avocat a déclaré auprès de l’émission Quotidien qu’elle était tenue au secret médical et ne pouvait pas parler de ses patientes.
Chrysoula Zacharopoulou a exercé pendant plusieurs années aux Hôpitaux de Paris (AP-HP), notamment à l’hôpital Tenon.
Le directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch a de son côté assuré dans un tweet mercredi n’avoir “jamais eu la moindre réclamation ni plainte remontée à l ‘AP-HP contre ce médecin” (Chrysoula Zacharopoulou, NDLR), soulignant qu’elle avait “combattu pour que la souffrance des femmes atteintes d’endométriose soit mieux traitée et devienne une priorité de santé”.