La colère monte dans l’opposition et elle s’exprime depuis quelques heures sur les réseaux sociaux. L’ancienne ministre de la Santé s’est vue décerner la Légion d’honneur ce samedi 1er janvier 2022, comme 546 autres personnalités. Une récompense attribuée par signature présidentielle à ceux qui ont contribué au bien commun en France, qu’elles soient issues du secteur public ou privé.
Le nom de la responsable politique figure dans la liste parue au Journal officiel aux côtés de Mohamed Abdelatif, le vice-président de la Croix-Rouge française (officier), ou d’Eva Thomas, fondatrice de l’association SOS inceste.
Celle qui est aujourd’hui directrice exécutive de l’Académie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), va être promue chevalier.
Pour Jean-Lin Lacapelle du RN : “Quelle honte de décerner la Légion d’honneur à Agnès Buzyn qui déclarait il y a 2 ans « qu’il n’y a aucune chance que le Covid arrive en France », elle-même mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui ». La légion d’horreur !”.
De son côté le député “insoumis” Eric Coquerelle, s’indigne de la promotion au rang de chevalier de la Légion d’honneur pour la Ministre “partie de son ministère au pire moment”. Il y voit une façon pour le gouvernement de “s’auto-satisfaire” et de “s’auto-récompenser” malgré un bilan “pas bon”.
Déjà à l’époque, son choix d’avoir quitté le navire en pleine tempête avait été critiqué, par exemple par la maire de Paris Anne Hidalgo. Un mois plus tard, l’ancienne ministre avait aussi provoqué des remous au sein du gouvernement en affirmant au Monde qu’elle avait alerté l’exécutif dès janvier sur la gravité de la pandémie. Et de renchérir : « Je savais que la vague du tsunami était devant nous. » Des confessions qui lui avaient valu d’être sévèrement épinglée et taxée « d’égoïste » par ses anciens collègues.
Plusieurs autres personnalités politiques critiquent la présence d’Agnès Buzyn dans la nouvelle promotion de la Légion d’honneur. Florian Philippot (Les Patriotes) ou encore Thomas Portes (apparenté LFI) rappellent sa mise en examen dans le dossier de la gestion du Covid.Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, a été mise en examen pour “mise en danger de la vie d’autrui” vendredi 10 septembre b2021.
Agnès Buzyn est aussi placée sous le statut de témoin assisté pour “abstention volontaire de prendre les mesures propres à combattre un sinistre”. Elle est la première personnalité publique inculpée dans ce dossier.
La CJR, seule habilitée à juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction, a reçu des milliers de plaintes dans ce dossier
. La CJR avait ouvert une enquête en juillet 2020, et ordonné des perquisitions des domiciles et bureaux de plusieurs responsables dont Agnès Buzyn en octobre de la même année. “Aujourd’hui c’est une excellente opportunité pour moi de m’expliquer et de rétablir la vérité des faits”, avait déclaré Agnès Buzyn vendredi matin avant son audition.
“Je ne laisserai pas salir l’action du gouvernement, mon action en tant que ministre, alors que nous avons fait tant pour préparer notre pays à une crise sanitaire mondiale qui, je le rappelle, dure encore.”
L’ex-ministre, nommée en 2017, avait occupé son poste jusqu’au 16 février 2020, aux prémices de l’épidémie de Covid-19, deux jours après le premier décès connu lié au virus en France. Elle avait démissionné pour se porter candidate aux élections municipales à Paris après le retrait de Benjamin Griveaux, échouant à se faire élire maire de la capitale.