Le parquet a requis ce lundi de 15 à 17 ans de prison contre l’acteur Saïd Bogota, accusé d’avoir enlevé, séquestré et tenté d’assassiner le compagnon de l’une de ses anciennes petites amies, rapporte le site du Figaro.
«On a compris que c’était un aller simple» pour la mort, a soutenu l’avocat général François Camard, pour qui l’acteur, «instigateur» du crime, a tenté de tuer avec préméditation.
Le magistrat n’a pas dédouané les deux «hommes de main», à peine majeurs au moment des faits, qui ont aidé l’acteur de petite taille à commettre le forfait. Il a requis respectivement de 10 à 12 ans et de 12 à 15 ans de prison contre ceux qui ont agi «en véritable connaissance de cause».
Le verdict est attendu mardi.
Il a “p’t-être” aspergé d’essence la victime, “p’t-être bien” proféré des menaces de mort : jugé pour avoir enlevé, séquestré et tenté de tuer le compagnon d’une de ses anciennes petites amies, l’acteur Saïd Bogota a confessé des violences durant son procès, aux assises à Evry, mais sans volonté de tuer.
“Vous faites un énorme effort – pas pour dédouaner les autres – mais pour reconnaître vos responsabilités”, le félicite le président de la cour d’assises au terme d’une matinée de confrontations avec trois de ses complices.
A rebours de plusieurs de ses déclarations durant l’instruction, le comédien de petite taille reconnait finalement la plupart des violences qui lui sont reprochées contre un rival, dans une affaire de jalousie amoureuse en décembre 2018.
Ce jour d’hiver, un apprenti mécanicien de 17 ans -nouvel amoureux de l’ancienne petite amie de Saïd Bogota-, est enlevé en voiture non loin de son lieu de travail, en Essonne. Il est ensuite retenu dans une cave d’immeuble où il subit de nombreux sévices dont des jets d’acide et de gaz lacrymogène en plein visage.
Alors qu’une voisine s’étonne du bruit, il est transporté dans un champ où ses ravisseurs le battent, lui infligent deux tirs de flashball à la tête, lui assènent des coups de crochet de remorque au crâne et, après l’avoir arrosé d’essence, l’enflamment.
Mercredi, la victime s’était présentée comme “miraculée”, un qualificatif idoine pour le médecin légiste Charles Zeboulon : “S’il n’avait pas enlevé ses vêtements, il aurait brûlé”.
Il assure qu’avant d’être aspergé d’essence puis incendié, il a entendu Saïd Bogota s’énerver : “Maintenant qu’il a vu ma tête, il faut le terminer”.
Avec douceur, le président de la cour cherche à le mettre en confiance, répétant comprendre que l’exercice des aveux “soit difficile”.
La tête baissée la plupart du temps, l’acteur français reconnaît avoir apporté le matériel nécessaire aux violences, à savoir le flashball, les bouteilles d’essence et d’acide, le crochet de remorque.
Saïd Bogota admet également avoir jeté le liquide corrosif et toxique au visage de la victime.
Qui est allé chercher l’essence ? “p’t-être que c’est moi”.
Sur l’intention de brûler l’adolescent ? “Franchement, je ne me rappelle plus tellement ça date”, avant d’admettre : “Oui, c’est moi.”
Qui a pris le briquet ? “p’t-être c’est moi qui l’ai allumé”.
Les menaces de mort dans le champ ? “p’t-être bien que je l’ai dit”.
Sur un des tirs de flashball, “franchement, je ne m’en rappelle plus”, assure-t-il après une question du président.
Réinterrogé par l’avocat général sur le même sujet, l’accusé marque une très longue pause, se racle la gorge, hésite : “Comment dire ?”, avant de réaffirmer : “Je n’ai pas tiré le flashball”.
Saïd Bogota avait-il l’intention de tuer ? La question est au cœur du procès et si mercredi l’accusé a avoué avoir voulu, sous le coup de la colère, tuer le jeune homme, vendredi il revient sur ces propos et assure n’avoir “pas forcément voulu +le finir+ dans le champ mais cherché à avoir des réponses”.
“J’étais en colère, encore aveuglé par l’amour”, tente-t-il de justifier, se trouvant “con ce jour-là”.
Des confessions en forme de “coup de théâtre” pour son avocate Me Sarah Mauger-Poliak qui questionne son client : n’endosse-t-il pas des responsabilités qui ne sont pas les siennes, “par culpabilité”. “La culpabilité, c’est qu’ils (ses coaccusés, NDLR) sont là à cause de moi (…) Je veux tout prendre sur moi”, a répondu l’acteur.
Le verdict est attendu mardi.