Elle avait brandi une pancarte violemment antisémite lors d’une manifestation samedi contre le pass sanitaire à Metz, une image qui a suscité un immense émoi : une enseignante, ex-membre du Front national et ancienne élue locale, a été interpellée lundi à Hombourg-Haut (Moselle).
Confirmant son statut d’enseignante, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé qu’elle sera « suspendue en attendant les suites disciplinaires ». « Sur le plan pénal, le recteur saisit le procureur », a ajouté le ministre.
Selon la préfecture de la Moselle, le domicile de l’enseignante, Cassandre Fristot, a été perquisitionné lundi matin. « La police regarde si l’on trouve dans son logement de quoi expliquer ou conforter la présomption d’antisémitisme », a précisé la préfecture, interrogée par l’AFP.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui avait dénoncé dimanche une pancarte « abjecte » et promis que ce geste ne resterait pas « impuni », a lui-même annoncé lundi sur Twitter l’interpellation de la jeune femme.
Le parquet de Metz avait ouvert dimanche une enquête de flagrance sur cette « pancarte au message manifestement antisémite », selon la préfecture. Les noms de plusieurs responsables politiques, hommes d’affaires et intellectuels, dont la plupart sont juifs, y étaient désignés à la vindicte populaire.
Élue d’opposition au conseil municipal de Hombourg-Haut de 2014 à 2020 et ex-candidate FN aux législatives de 2012, Cassandre Fristot avait été brièvement cheffe de cabinet en 2013 de Louis Aliot, alors vice-président du Front National (devenu RN), avant d’être remerciée et de quitter le parti.
Sur la pancarte brandie samedi, les noms encadraient le slogan : « Mais qui ? ».
Ce slogan est apparu à la suite d’un entretien accordé en juin sur la chaîne CNEWS d’un général à la retraite, Daniel Delawarde, signataire d’une tribune évoquant « le délitement » de la France, publiée par l’hebdomadaire Valeurs actuelles.
À la question « qui contrôle la +meute médiatique+? » et après plusieurs relances, il avait répondu « la communauté que vous connaissez bien », avant d’être coupé par le présentateur, Jean-Marc Morandini.
Pour la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), ce slogan est « une autre manière de dire qu’on n’aime pas les juifs ».
La diffusion d’une photo de la pancarte, brandie fièrement par son auteure, a suscité un immense tollé dans la classe politique et les organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, a indiqué sur Twitter avoir demandé à l’avocat de l’organisation « de déposer plainte au nom du @Le_CRIF contre Cassandre Fristot identifiée comme la personne portant la pancarte antisémite lors d’une manifestation antivax ».
La Licra avait annoncé dès dimanche à l’AFP son intention de porter plainte et SOS Racisme a dit « étudier » la possibilité de poursuites judiciaires.
« L’antisémitisme a tué hier et tue encore aujourd’hui. L’antisémitisme n’est pas une opinion. C’est un délit, qui doit être condamné systématiquement », a fustigé sur Twitter la ministre déléguée à l’Egalité, Elisabeth Moreno.
Le maire de Metz, François Grosdidier (LR), s’est dit « outré, scandalisé, mais hélas pas surpris », dénonçant un « mélange de tous les refus dans une convergence des extrêmes et dans un magma populiste et antisémite ».
Quant à l’ambassade d’Israël en France, elle a dénoncé une « expression de la haine antisémite la plus abjecte ».
La manifestation messine avait réuni samedi 3.800 personnes selon la police.