Un contrôle devant un lycée, un adolescent handicapé et une vidéo accablante : un policier de Seine-Saint-Denis, condamné à de la prison avec sursis en première instance, a été jugé vendredi en appel à Paris pour violences volontaires. Le prévenu, aujourd’hui brigadier, avait été condamné en 2017 par le tribunal de Bobigny à trois mois de prison avec sursis ainsi qu’à deux mois d’interdiction d’exercice. En appel, le parquet a requis “5-6 mois” avec sursis à l’encontre du policier et deux mois d’interdiction professionnelle.
Le 9 septembre 2016, trois policiers sont dépêchés devant un lycée de la commune des Lilas après un signalement concernant des individus avec un taser.
Arrivés sur place, ils contrôlent trois adolescents, dont l’un est en béquilles. Celui-ci est invalide à 80% depuis une grave chute quelques mois auparavant et ne peut pas marcher ou rester debout sans soutien. “Mon camarade était en train de trembler. Du coup, je rigolais, je voulais le calmer. Je lui disais que ça allait bien se passer, qu’on n’avait rien à se reprocher. Mais M. F. me dit ‘ferme ta gueule'”, relate à la barre la victime, aujourd’hui âgée de 19 ans, béquilles en main.
Le gardien de la paix de 25 ans s’approche de lui, l’adolescent met ses deux mains sur les bras du policier : “J’ai cru qu’il allait foncer sur moi”, se justifie-t-il. Le fonctionnaire lui assène alors deux coups de poing au visage. Le lycéen s’effondre par terre.
Devant les juges, le policier, crâne mi-rasé et larges épaules sous une chemise bleue, affirme avoir été en état de légitime défense et n’avoir pas eu d’autre choix pour se dégager. Le jeune homme est menotté, embarqué. “À l’oreille en se relevant, (…) il m’a dit ‘ah je préfère, ça se passe mieux quand tu fermes ta gueule'”, décrit la victime, énervée.
Au commissariat, le policier porte plainte contre le lycéen pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, indiquant avoir été poussé en arrière et s’être débattu en vain avant de donner les coups de poing. Mais quelques mois plus tard, la famille de ce dernier se rend à l’IGPN avec une vidéo de quelques secondes filmée de loin, qui contredit la version de l’altercation donnée par le gardien de la paix. “Heureusement qu’un lycéen a eu la bonne idée de filmer car sinon on se serait retrouvé avec un rappel à loi, et peut-être même que (la victime) aurait dû remercier de ne pas avoir plus de sanctions que ça !”, lance Me Solenn Le Tutour, avocate de la partie civile.
Décision le 2 juillet.