L’accusation a requis vendredi des peines de onze et sept ans de prison à l’encontre des deux ex-skinheads jugés en appel devant la cour d’assises de l’Essonne pour la mort «absurde» et «évitable» de l’antifasciste Clément Méric en 2013 à Paris.
«Si la rencontre est fortuite, le dossier démontre que la mort de Clément Méric n’était pas le fruit du hasard, il y a eu une montée en puissance et une forme de haine», a lancé l’avocat général, Philippe Courroye.
Lors de son réquisitoire de deux heures, il a demandé à la cour de retenir «l’utilisation d’une arme» par les deux accusés, un poing américain dont il ont tous les deux nié l’usage pendant les débats.
Le magistrat a requis la peine la plus lourde à l’encontre d’Esteban Morillo, 28 ans, déjà condamné à onze ans en première instance et qui a reconnu être l’auteur des coups mortels. Il encourt jusqu’à 20 ans de réclusion pour coups mortels portés en réunion et avec une arme.
Sept ans ont été demandés pour son co-accusé Samuel Dufour, condamné à cette peine en 2018 pour sa participation à la bagarre.
Le 5 juin 2013, Clément Méric, étudiant de 18 ans et militant antifasciste, s’est écroulé sur le bitume en plein Paris, lors d’une rixe violente et brève entre militants d’extrême gauche et skinheads d’extrême droite, en marge d’une vente privée de vêtements de la marque Fred Perry.
«Ils ne sont pas jugés parce qu’ils sont ou ont été skinheads, mais qu’on le veuille ou non, dans l’enchaînement des faits, en toile de fond il y a un carburant inquiétant, celui du sectarisme, de l’ostracisme, de l’exclusion de celui qui ne pense pas comme nous», a poursuivi l’avocat général, évoquant la «dérive commune» des accusés vers une «idéologie toxique».
«J’ose espérer que vous avez pris vos distances avec cette idéologie mortifère», a soufflé le magistrat, ajoutant que la mort de Clément était «inévitable» et «absurde».
Le verdict est attendu vendredi soir, après les plaidoiries de la défense.