Le procès en appel de Bernard Tapie dans l’affaire de l’arbitrage controversé de 2008 se poursuit en l’absence de l’homme d’affaires et de ses avocats, qui avaient demandé un renvoi pour raisons médicales. La défense de Bernard Tapie, qui souffre d’un cancer et est affaibli, a déposé une demande de report du procès liée à une aggravation de son état de santé, l’empêchant d’être présent. L’actionnaire principal de La Provence refuse d’être représenté par ses avocats, souhaitant s’exprimer lui-même dans cette affaire qui est le “combat d’une vie”, a plaidé Hervé Temime.
Bernard Tapie, présent à plusieurs reprises depuis la reprise des audiences le 10 mai, “a essayé d’aller le plus loin possible dans le procès”, a poursuivi Me Temime. Les traitements qu’il va suivre “sont susceptibles de lui permettre de participer à un nouveau procès à une date relativement proche”, a-t-il ajouté, sollicitant qu’une expertise soit ordonnée. Une demande à laquelle se sont associés les avocats de Maurice Lantourne, ancien conseil de Bernard Tapie et lui aussi prévenu. “Les droits de la défense de Me Lantourne seraient gravement atteints si l’audience devait se poursuivre hors la présence de M. Tapie”, a estimé Me Paul-Albert Iweins.
Saluant, comme toutes les parties, le “courage” de l’homme d’affaires “face à la maladie”, le parquet général a reconnu une “situation très difficile” mais a sollicité la poursuite des débats, indiquant qu’aucun renvoi ne serait possible avant avril 2022.
Après une suspension, la cour d’appel a rejeté ces demandes, “au motif que ce renvoi serait contraire au respect du délai raisonnable auquel les prévenus ont droit”. La présidente a notamment motivé sa décision en soulignant que M. Tapie avait été entendu pendant l’instruction et lors du procès. “Très bien, parfait, eh bien au revoir”, a lancé Me Temime avant de quitter la salle avec sa consœur Julia Minkowski. Les avocats ont formé un pourvoi en cassation contre cette décision, “contraire à la jurisprudence de la chambre criminelle (de la Cour de cassation, NDLR) et de la Cour européenne des droits de l’Homme”, a indiqué Me Temime. “Nous sommes à la fois en colère et très abattus, assure Laurent Tapie, fils de l’homme d’affaires. Sans sa présence, un procès n’est plus un procès.”