Dans un entretien accordé au magazine L’Obs, Nicolas Bedos affirme avoir aidé son père à mourir. Et livre les détails de ce moment terrible. Guy Bedos est mort le 28 mai 2020, à l’âge de 85 ans, des suites de la maladie d’Alzheimer. Si la sœur de Nicolas Bedos, Victoria, avait confié en mars dernier que son père s’était «laissé mourir» en arrêtant de manger, ce dernier vient de donner une autre version de l’histoire du décès de leur père.
Très affecté par la confusion mentale dont il souffrait, Guy Bedos ne supportait plus la situation. La famille Bedos fait appel à un ami médecin de la mère qui prescrit du Rivotril, un antiépileptique «couramment utilisé, dans ces cas-là», explique Nicolas Bedos dans L’Obs en évoquant la décision de procéder à une euthanasie assistée.
«Et s’il y a un enquête ?», se remémore-t-il demandé au médecin. «Il n’y en aura pas. Croyez-moi. Votre père est en fin de vie, il y a une tolérance tacite. Par contre, pensez bien à vider entièrement le flacon dans sa bouche», lui répond celui-ci. Nicolas Bedos s’occupe lui-même d’aller se procurer le flacon.
«Je me revois sur mon scooter, me rendant à la pharmacie pour acheter la mort de l’homme que j’aime le plus au monde», se souvient-il. Mais les choses ne se dérouleront, finalement, pas de cette manière.
Un médecin, ami de Guy Bedos et professionnel de santé réputé pour aider les familles qui souhaite aider à faire partir un proche, a répondu favorablement à la demande de la famille Bedos quelques jours auparavant. Et se présente au chevet de l’humoriste.
«La conversation que j’aurai ce jour-là avec lui est la parfaite illustration des limites de la loi actuelle. Elle laisse nos soignants dans un flou d’interprétation qui les plonge eux-mêmes dans des dilemmes éthiques. (…) Il convient parfaitement de l’issue inexorable et ‘désagréable’ de la situation, mais aurait ‘préféré’ – pour intervenir – que mon père soit dans un état plus somnolent, ‘davantage coupé du monde’», explique Nicolas Bedos.
Le rendez-vous est pris pour le lendemain. Ce sera le dernier pour Guy Bedos. «La nuit suivante sera la dernière. Longue. Bouleversante. Le lendemain, le flacon est plein. Mon père n’en a pas eu besoin pour offrir à son médecin l’état somnolent apparemment nécessaire à une intervention – qui eut lieu vers 17 heures», poursuit Nicolas Bedos.
«Il aura donc fallu qu’il baisse entièrement le rideau et ne pèse plus que quelques kilos pour que la société daigne choisir ‘le jour et l’heure’», constate-t-il.
Nicolas Bedos se rappelle avoir régulièrement évoqué la possibilité d’une fin «assistée» avec son père, avec lequel ils s’étaient tous deux jurés de ne jamais se voir dépérir.
«Il y a des pères qui partagent la passion du football ou de la guitare avec leur fils, mon père et moi avons toujours eu en commun une relation étroite avec l’envie de débrancher la machine, faisant de cette idée une sorte de compagne presque réconfortante en cas de désespoir, de déroute affective ou intellectuelle», conclut-il.