Le granit breton et la concurrence internationale, c’est une vieille histoire. Il y a dix ou quinze ans, c’est la roche chinoise qui venait chatouiller – et passablement agacer – les entre-preneurs régionaux sur leurs terres celtiques avec un produit moins cher. Un empire du milieu qui n’a pas quitté la péninsule bretonne mais qui est désormais rejoint par d’autres exportateurs, alléchés par les marchés publics et privés ouverts locale-ment. « Il y a eu la Chine, qui a causé des dégâts dans la filière. Elle est toujours présente mais elle a été rétro-gradée dans le classement des exportateurs. Aujourd’hui, on trouve dans le Top 3 le Portugal, l’Espagne et l’Inde », relève Christian Corlay. Un homme qui en connaît un rayon en matière de granit. Jus-qu’alors secrétaire général de l’Unicem Bretagne, l’union des carrières bretonnes, il a rejoint récemment l’association Indication Géo-graphique du Granit de Bretagne en tant que chargé de mission. Un poste assumé de lobbyiste pour vanter les atouts de l’emblème régional auprès des collectivités. Et le défendre face à la concurrence internationale. Il y a de quoi faire. Exemples récents à la clé.
À Pontivy (56), les élus ont, par exemple, prévu de refaire la rue principale de la commune. Et c’est du granit portugais qui a été choisi. Un comble pour un axe baptisé « Rue… Nationale ». Même constat pour le pôle d’échange multimodal à Quimper (29). « Les élus ont d’abord prescrit du granit breton mais on a des remontées du terrain qui nous font dire que ça pourrait être du granit d’importation. Tout ça fait mal au cœur. C’est insupportable pour nous, les Bretons », s’émeut Christian Corlay, jouant à bloc – de granit – la fibre régionale. L’association qu’il représente vient d’écrire aux élus des deux communes concernées pour le leur dire.Reste que si de telles pratiques sont en cours au pays des menhirs et des dolmens, c’est aussi, et surtout, parce que le granit d’importation est moins cher. De l’ordre de 30 %. Pour des collectivités aux budgets contraints, l’argument est massue. « Oui, le granit breton est plus cher, mais parce qu’on a des salariés mieux payés ! Et des carrières plus compliquées à exploiter qu’au Portugal, fait remarquer Christian Corlay. Faire le choix du granit breton, c’est préserver l’identité territoriale. C’est aussi un choix social, en aidant des entreprises qui proposent des emplois (600 dans la région, NDLR). Ce sont des recettes fiscales et sociales pour les collectivités. »