Depuis Pochon Bleu en 2017, Naps a enchaîné les disques de platine et s’est inscrit dans le peloton de tête du rap français. Originaire d’Air-Bel dans le 11e arrondissement de Marseille, il continue son ascension avec un nouvel album qui vient de paraître, Les mains faites pour l’or, comprenant notamment des featurings avec d’autres valeurs sûres locales : Jul, SCH, Le Rat Luciano…
Tout ce que Naps touche se transforme-t-il en or? Interview de l’intéressé.
Vous sortez un album de 27 tracks, un an après “Carré VIP”. Pourquoi cette cadence? Ça fait partie de mon rythme, l’objectif est même de sortir deux projets par an. Je tiens à cette cadence parce que la musique se consomme vite, le public a besoin d’avoir en permanence de nouveaux titres, c’est aussi un secteur concurrentiel, il faut tout le temps exister.
Quelle était l’intention sur ce disque? La spontanéité. Dire ce que je ressentais, parler de la vie de tous les jours. Je voulais aussi évoluer dans les instrus, m’autoriser d’autres délires. Ça a forcément fait progresser le flow. Mais cela reste du Naps, toujours ce rap cadencé, rythmé. Je voulais également évoluer dans les paroles, en mettant moins d’insultes, en étant mon vulgaire. Par rapport à mon fils, à ma famille. J’ai compris que je pouvais faire la même musique sans insulter.
C’est la “Kiffance” pour vous en ce moment, en termes de notoriété… (rires). Je ne m’y attendais pas. Il y a eu des embûches, c’est toujours la compet’. Mais c’est vrai que c’est la kiffance. Je suis tarpin content. Après, je garde le même objectif : regarder toujours devant soi.
Pourquoi ce titre “Les mains faites pour l’or” ? C’est une réplique culte du film Scarface. Le personnage dit, avant qu’il ne gravisse les échelons (dans le grand banditisme, ndlr) : “J’ai les mains faites pour l’or et elles sont dans la merde”. C’est un film référence. Ce que je retiens c’est sa détermination. Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il fait par la suite, mais l’idée d’être déterminé dans la musique, ça marche bien aussi.
Dans ce disque, il y est souvent question d’argent. Un symbole de réussite ? Oui, mais il n’y a pas que l’argent. C’est seulement parce que je suis parti de rien. Mais pour arriver là où je suis, il faut cravacher. Ce que je veux dire c’est qu’en se donnant les moyens, on peut réussir. Je me rends compte que pour les jeunes, je suis un peu un symbole. Je le sais parce que moi-même, quand j’étais petit, les footballeurs ou les rappeurs me faisaient rêver.
Marseille aussi y est omniprésente. Pourquoi ? C’est un tout, mon enfance, ma famille, mes amis, une façon de vivre, l’accent, les gens. C’est un pays ! On est Marseillais avant d’être Français. Ça m’inspire dans ma musique.
Vous avez participé au collectif 13 Organisé. Comment analysez-vous ce phénomène? L’union fait la force. Ça donne une bonne image du rap marseillais, ça fait aussi évoluer le rap français. Ce n’est que du positif. Et puis, on se connaissait tous, mais pas toujours personnellement. Ça a permis des connexions, le réseau est large à Marseille, humainement, ça tue. C’est Jul qui m’a contacté. J’ai dit oui direct. C’est légitime que ça vienne de lui. Ça ne pouvait venir que de lui, ou de AKH (Akhenaton, du groupe IAM, ndlr). Et puis, Jul est un bosseur, il a tout fait en un mois et demi.
Vous seriez partant pour réitérer l’expérience ? Avec plaisir! Il va y avoir une surprise (rires).
Vous avez monté votre label en 2019… Oui, sur ce disque, on est à 50/50 avec 13 e Art Music. Sur mon label OK Many Industrie, j’ai signé un petit de 19 ans, Yvori, il est de Montargis dans le 45 (le Loiret, ndlr). Une connexion s’est faite en Tunisie, lors d’un concert. C’est important d’aider les jeunes, comme on l’a fait pour moi. Même pour un conseil. Il faut savoir donner. ❚ Quel est votre objectif avec ce nouvel album? Faire aussi bien que mes précédents projets, disques de platine, même si la période est compliquée. Mais de toute façon, je suis fier de cet album. Pour moi, c’est mon meilleur.