PRESQUE quatre mois après les faits, Danièle, qui habite le sud des Hauts-de-Seine, est encore sous le choc.
« Ce 5 janvier, à 6 heures du matin, alors que tout le monde dort, nous entendons un énorme bruit. “Police, reculez !” »
Dans la seconde qui suit, la porte est défoncée, une dizaine de policiers masqués font irruption et se mettent à fouiller lʼappartement : sacs, placards, documents personnels… tout y passe.
« Nos enfants (10 et 13 ans) sont alors emmenés dans notre chambre par deux policiers armés et casqués pour être interrogés », raconte la mère de famille. Conclusion ? Une erreur : les flics ont défoncé l’appartement 123 au lieu du 23 ! La brigade de sûreté urbaine à l’origine de l’intervention reconnaîtra sa bourde le jour même – mais sans un mot dʼexcuse. Le ministère de la Justice et son bureau des frais de justice et de l’optimisation de la dépense (sic) aiguillent Danièle vers une longue et fastidieuse procédure de remboursement qui tient du parcours dʼobstacles.
« Ils mʼont conseillé de contacter un serrurier, qui nʼa pu changer ma porte blindée, explique la victime. Après un arrêt de travail de trois jours, jʼai dû avancer lʼargent pour le remplacement de la porte et négocier avec mon assurance pour avoir un agent de sécurité planté la nuit devant lʼentrée. »
Le 8 janvier, une nouvelle porte est posée. Coût : 7 000 euros. Le 15 janvier, le ministère de la Justice écrit sobrement à Danièle que, si un dédommagement est accepté, « un coefficient de vétusté à hauteur de 10 % sera déduit du montant total de la facture produite ». Dégoulinant de com – passion…
Heureusement, l’assureur est là. Le 17 janvier, il débloque une première enveloppe. Presque toute la somme, mais pas tout à fait. Et, trois mois plus tard, la compagnie nʼavait toujours pas reçu les éléments quʼauraient dû lui fournir la police et le ministère de la Justice pour verser le complément. Dire que, dans cette histoire, lʼadministration a fait preuve dʼhumanité serait enfoncer une porte ouverte…